01/06/2009

Congrès FCPE - Déclaration sur la violence

Déclaration commune
FCPE, FERC-CGT, FIDL, FSU, UNEF, UNL, Unsa-Education, SGEN-CFDT sur la violence faite en ouverture du congrès national de la FCPE.
Lue à la tribune le samedi 30 mai 2009, par Jean-Jacques HAZAN, président national, en présence des organisations signataires.

Les phénomènes de violence touchent les écoles et établissements scolaires, c’est un fait indéniable. Il faut traiter ces phénomènes à leur juste mesure : au contraire des mesures électoralistes annoncées par le président de la République et le ministre de l’Education nationale .
Les agressions de personnels de l’Education nationale sont inadmissibles. Les intrusions de bandes armées de battes de base-ball dans un établissement sont intolérables. Néanmoins, il ne s’agit pas des formes les plus fréquentes de violence perpétrées dans les écoles et les établissements scolaires. Les agressions commises avec arme contre les personnels de l’Education nationale sont heureusement rarissimes (10 cas recensés depuis 2007).

Le ministre sait que la fouille des cartables est impossible à mettre en place et ne règlera rien ; il sait que la création d’une brigade volante d’intervention n’a aucun sens ; il sait que vouer aux gémonies les parents dits « démissionnaires » n’est pas une solution.
La confusion entre les missions éducatives des personnels de l’Education nationale et celles des fonctionnaires de police et de justice compliquerait leurs relations avec les élèves et serait source de tensions supplémentaires. Elle détruirait toute relation de confiance indispensable à l’instauration d’une relation pédagogique durable.
Alors que par bien des aspects la politique suivie renforce les phénomènes de violence : désectorisation, suppressions de dizaines de milliers de postes d’enseignants et de personnels vie scolaire, déstabilisation des équipes, dégradation des conditions de travail et d’étude, insuffisance du dialogue avec les parents…, ce que Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos proposent ce n’est même plus l’Ecole sanctuaire mais l’Ecole bunker !
Or, les établissements d’éducation doivent avant tout rester des lieux de confiance, d’apaisement et de sérénité.
Plutôt que de tirer parti d’un incident grave pour décider de mesures dans la précipitation et sous le coup de l’émotion, en privilégiant les annonces aussi spectaculaires qu’impraticables, il faut maintenant s’attaquer aux véritables problèmes de l’insécurité scolaire, comme celui des incivilités et des agressions verbales et physiques, dont les élèves sont souvent les premières victimes.
Pour cela, il convient de mettre en place, dans une Ecole de justice, de réussite de tous et de respect mutuel, une véritable politique de prévention : recrutement et formation de personnels, éducation au vivre ensemble, lieux de paroles et d'écoute, implication des parents dans les projets d'école et d’établissement… Cette politique ne peut se mettre en place dans une parodie de concertation comme celle que nous venons de vivre : sélections des participants, décisions déjà prises et annoncées, stigmatisation de certaines parties prenantes.
Le gouvernement semble vouloir toujours s’enfoncer davantage dans une politique de répression et de méfiance systématique vis-à-vis de la jeunesse. Les jeunes sont diabolisés, les parents d’élèves stigmatisés.
Tout cela pour tenter de masquer les conséquences de leur politique éducative désastreuse qui refuse un avenir aux jeunes, et éviter ainsi de s’attaquer à la violence sociale quotidienne qui frappe durement les jeunes dans un contexte d’accroissement des inégalités.
Tout cela pour tenter également de faire oublier les dizaines de milliers de suppressions de postes de personnels d’enseignement, d’éducation, de santé et sociaux… sans qui nos écoles ne sont plus que des simples lieux d’études où il ne fait pas bon vivre pour les élèves.
Nous voulons mettre en place, tous ensemble, des actions d’accompagnements nécessaires à l’apprentissage des valeurs et des comportements essentiels à la vie collective. Si nous ne traitons pas la violence par l’éducation dans l’Ecole, quelle société nous préparons-nous ?
Rien ne peut remplacer les rapports humains, l’éducation, la prévention, toutes choses que les portiques et les caméras de vidéosurveillance ne sont pas en mesure d’apporter.
Nous voulons privilégier la politique de la raison à la récupération politicienne. Nous voulons dénoncer les raccourcis et la démagogie du gouvernement. Nous voulons la sécurité scolaire et non la surenchère sécuritaire!

06/05/2009

Une communication ministérielle en cache-t-elle toujours une autre ?

Oui, votre décision d’imposer la fermeture de toutes les écoles le samedi matin, couplée au jeudi de l’Ascension va bien évidemment augmenter la tentation déjà forte d’ouvrir la cage aux oiseaux et de pratiquer en famille les plaisirs de l’école buissonnière.

Oui, Monsieur Darcos, le jeudi de l’Ascension est bien un jeudi férié qui fait partie d’un long week-end aussi appelé communément le pont de l’Ascension, occasion pour beaucoup de familles de profiter largement des premiers jours de printemps avec leurs enfants et cela ne date pas d’hier.

Oui, l’absentéisme scolaire déjà constaté les années précédentes, risque fort de connaître des pics élevés cette année.
Mais à qui la faute!
Aux exigences budgétaires qui poussent ministre et services ministériels à imposer des mesures contraires à l’intérêt des enfants ?
Aux idéologies politiques qui incitent à des choix contraires aux intérêts des enfants ?
En tout état de cause, Monsieur le ministre, s’il est bien trop tard pour vous soucier des conséquences de vos choix sur l’organisation de la semaine de l’Ascension, il est toujours temps de vous soucier du réel intérêt des enfants sur toutes les autres semaines de l’année scolaire en organisant une réelle concertation sur l’aménagement du temps de l’enfant !
Encore une fois, les parents d’élèves de la FCPE regrettent l’incapacité du gouvernement à conjuguer les verbes anticiper et dialoguer.
Mais surtout ils se posent deux questions fondamentales :
Pourquoi ce questionnement tardif sur un sujet, certes réactualisé, mais qui pose néanmoins problème depuis que l’Ecole existe ? L’Ecole et le ministre n’auraient-ils pas d’autres sujets d’importance à résoudre ?

(source FCPE national)

09/04/2009

L'aménagement du temps des écoliers

Ce texte provient d’un dossier du CRAP-Cahiers pédagogiques sur les rythmes scolaires édité au format pdf, disponible en téléchargement sur le site des Cahiers pédagogiques

Désignées par le très mauvais terme de « rythmes scolaires », les anomalies de la répartition des temps de travail des écoliers, collégiens et lycéens sont périodiquement dénoncées par des articles de revues ou de journaux, par des livres ou par des émissions de radio ou de télévision. Malheureusement, ces accusations et les propositions de réformes qui leur sont associées perdent souvent de leur pertinence du fait de l’insuffisance de réflexion et/ou de connaissances de leurs auteurs.
Évitant les exposés détaillés et les discussions publiées par ailleurs (voir bibliographie ci-dessous), je me limiterai ici à quelques données essentielles et à l’exposé des lignes directrices que je propose à notre réflexion.
Je me concentrerai sur les problèmes de l’enseignement primaire, non que ceux des collèges et lycées me paraissent négligeables, mais parce que les erreurs commises pendant ces premiers stades du cursus scolaire sont particulièrement dévastatrices.
J’essayerai de répondre aux questions que nous nous posons en adoptant l’ordre suivant :

• Pourquoi voulons nous changer les horaires scolaires ?

• Dans quel ordre faut-il aborder les aménagements de la journée, de la semaine et de l’année ?

• Quelles sont les mesures idéales satisfaisant au mieux nos connaissances sur les besoins et les aptitudes des enfants ?

• Quels sont les compromis inévitables que l’on peut accepter pour tenir compte des habitudes sociales ?
Pourquoi modifier les horaires scolaires actuels ?
Le motif habituellement invoqué en priorité est celui de la fatigue. J’ai moi-même accepté le titre La fatigue à l’école pour mon livre sur ce sujet dont la première édition a été publiée en 1976. Si je devais le récrire aujourd’hui, je choisirais un autre titre. Le travail scolaire n’est pas une cause directe de fatigue pour l’enfant : quand on lui en demande trop, il s’évade, soit par le refus, soit par le rêve et l’inattention. Les sources de fatigue sont plutôt à chercher dans les erreurs de la vie familiale, notamment dans l’insuffisance de sommeil, en n’oubliant pas cependant que ces erreurs familiales sont souvent la conséquence de celles de l’école.

Un effet le plus pernicieux de la mauvaise répartition des périodes de travail scolaire concerne le rendement de ce travail. Comme la nourriture du corps, celle de l’esprit exige des repas de quantité raisonnable, séparés par des intervalles suffisants pour en permettre la digestion et l’assimilation. Ce processus d’assimilation des connaissances nouvelles ressemble plus à la rumination des bovidés qu’à notre fonctionnement digestif : il exige des répétitions parfois multiples et la vérification que l’assimilation est satisfaisante avant d’entreprendre la suite du programme d’enseignement.
Il faut que la charge de travail scolaire laisse quotidiennement la place nécessaire au sommeil, au jeu et à toutes les activités nécessaires au développement équilibré d’un enfant. Une loi fondamentale d’hygiène de vie nous dit que l’équilibre nécessaire entre nos divers types d’activité (travail - repos, mouvement - immobilité, sommeil - éveil, etc.) doit être cherché en priorité dans le cadre des 24 heures. C’est tous les jours qu’un enfant doit disposer du temps nécessaire au jeu, au repos et à la satisfaction complète de ses besoins de sommeil.
Parmi les activités ne faisant pas partie du programme spécifiquement scolaire, certaines vont permettre d’assurer l’élasticité de l’emploi du temps : les enfants ne sont pas des machines régulièrement entretenues et prêtes à répondre sans défaillances aux sollicitations. Il leur arrive d’être malades ou d’être perturbés par des problèmes affectifs, c’est-à-dire d’être rendus indisponibles au travail scolaire pendant des périodes plus ou moins longues. Il faut pouvoir, momentanément, remplacer une ou plusieurs de ces activités par des séances de rattrapage scolaire. Dans la situation actuelle, ce rattrapage n’est pas possible dans les horaires scolaires, il ne peut être fait que dans les familles (et beaucoup n’en n’ont pas les possibilités) et le temps prélevé sur les loisirs et, surtout, sur le sommeil.
Dans quel ordre aborder les problèmes ?
Quand, il y a une quarantaine d’années, les premières propositions d’aménagement des « rythmes scolaires » ont vu le jour, la plupart ont consisté à ajouter aux programmes scolaires, des activités diverses (sports, travaux manuels et formations artistiques). C’était mettre la charrue avant les boeufs : les journées scolaires, déjà trop chargées, n’offraient pas de temps disponible ; celui-ci, en fin de compte, était prélevé sur les loisirs ou le sommeil des enfants. Dans certaines localités, des parents s’associèrent pour protester contre cette aggravation du surmenage scolaire. Tout le monde est d’accord aujourd’hui - et c’est même le seul point sur lequel l’unanimité se fasse - pour penser que les journées scolaires sont trop chargées et que toute réforme doit commencer par supprimer cette surcharge.
Trois solutions sont possibles pour y parvenir :

• Alléger les programmes.

• Allonger la durée des cycles d’enseignement : par exemple, répartir sur quatre ans ce qui est aujourd’hui étalé sur trois ans.

• Augmenter le nombre annuel des jours de fréquentation scolaire.
Si on veut bien prendre conscience de l’absurdité de la répartition actuelle : 175 jours de classe par an (*) pour 190 jours de congé (15 jours de congé de plus que de jours de travail !), il est évident que c’est le troisième moyen qui pourra nous fournir l’essentiel du gain de temps dont nous avons besoin pour soulager les journées. Il est inutile de parler de réforme, si on ne commence pas par réduire notablement le nombre annuel de jours de congé.
L’aménagement de la semaine devient un problème secondaire qui pourrait connaître des solutions variables selon les conditions locales.
Objectifs idéaux :
• Une année scolaire de 200 jours au moins.

• 4 à 6 heures de travail scolaire par jour en fonction de l’âge, y compris le travail personnel à la maison ou à l’étude.

• 5 à 6 jours de classe par semaine en fonction des saisons ou des conditions locales.

La semaine de 4 jours, véritable escroquerie qui maintient la répartition scandaleuse de 175 jours de travail pour 190 jours de congé, est à proscrire.
Les inévitables compromis
Je souhaiterais ne pas en accepter sur le nombre de jours de fréquentation scolaire par an. Mais je ne suis pas optimiste : l’égoïsme des adultes domine et les intérêts corporatistes l’emportent sur toute autre considération : syndicats d’enseignants, représentants des hôteliers et autres métiers de loisirs et, last but not least, les parents, principaux partisans de la funeste semaine de 4 jours.
Le temps réservé au travail scolaire quotidien pourra être discuté, l’appréciation de l’effort fourni par un enfant dans son travail scolaire ne peut pas être mesuré de façon précise et les variations individuelles sont particulièrement fréquentes et importantes dans ce domaine.
Je ne pense pas qu’il faille céder sur un minimum de 5 jours de travail par semaine. Le remplacement du congé du mercredi par celui du samedi paraît inévitable et sans inconvénient majeur.
J’ai laissé de côté jusqu’à présent deux problèmes importants : que je ne ferai qu’évoquer parce leurs solutions supposent que les problèmes précédents soient d’abord résolus.

• Tenir compte des variations de la réceptivité des élèves à l’enseignement au cours de la journée, en fonction des saisons et selon le jour de la semaine.

• Tenir compte des variations individuelles considérables des facultés d’attention, des possibilités de rester immobiles et silencieux, des goûts et des curiosités des enfants.
Il est certain que, pour la plupart des individus, le milieu de la matinée et l’après-midi au delà de 15, voire de 16 heures sont les plus favorables aux activités intellectuelles.

Mais la mise en application de ces données est rendue très difficile, voire impossible pour deux raisons :

• ces périodes sont aussi celle des meilleures performances physiques ;

• les disponibilités en locaux et installations sportives permettent rarement d’en tenir compte dans l’état actuel de nos équipements scolaires.
Les particularités de chaque individu sont, dans tous les domaines, la source principale des difficultés de fonctionnement des collectivités. En ce qui concerne l’aménagement du temps, aucun système n’est capable de répondre de façon parfaite aux variations individuelles des besoins de sommeil, des durées des périodes d’attention et de leur répartition dans la journée, des capacités de tolérance à l’immobilité, etc. Il est certain que, si critiquables soient-elles pour la majorité, les conditions actuelles du fonctionnement de notre système scolaire conviennent à 20 ou 30 % des écoliers, ou leur sont tout au moins supportables. C’est dans cette fraction de la population que se recrutent les cadres de la nation qui ne peuvent qu’être satisfaits d’un système qui leur a réussi, ce qui explique en grande partie la résistance au changement. Et cela doit nous rendre prudents dans nos revendications : renonçons à chercher le système valable pour tous. Nous avons à corriger de grossières erreurs et à mettre au point un ensemble de mesure pouvant satisfaire la majorité des élèves. Mais acceptons d’emblée de prévoir un grand nombre de « mutants » et de donner à notre organisation la souplesse et la diversité qui permette de les accueillir.
Ce texte, écrit en mai 2000, apparaît imprégné de l’esprit du milieu du siècle plus que de celui de sa fin. Il est sûr, et je l’espère, que beaucoup des difficultés que j’invoque seront balayées par l’utilisation généralisée des moyens de communication à distance.
Mais quand on considère l’immobilisme du système scolaire français (malgré quelques progrès), son refus de renouveler les méthodes pédagogiques, sa répugnance à se servir de la télévision et du magnétoscope, cette évolution se fera attendre encore longtemps.
(*) Note de 2009 : rappelons que la suppression du samedi matin qui est devenue la règle générale depuis la rentrée 2008 a réduit ce nombre à 140 jours par an...
Article paru dans les Cahiers pédagogiques n° 399 (décembre 2001).
Guy Vermeil
Pédiatre
Bibliographie

Reinberg, A. Les rythmes biologiques ; mode d’emploi, Paris, Flammarion, 1994.

Reinberg, A. et Vermeil, G. "Rythmes scolaires - le blocage des adultes", Le Monde du
20 octobre 1995. Article cosigné par C. Leconte-Lambert, P. Leconte, H. Montagner, F. Testu et Y. Touitou.

Vermeil G. "De quelques caractères spécifiques du travail scolaire", Revue d’hygiène et de Médecine scolaires, 1979, XXXII, 191.

Vermeil, G. La fatigue à l’école, Paris, ESF, 5e éd. 1987.

Vermeil, C. et Vermeil, G. Lièvres et tortues ; pour une école plus efficace, Paris, Stock, 1999 (nouv. éd.).

Temps scolaire, économie et société

Ce texte provient d’un dossier du CRAP-Cahiers pédagogiques sur les rythmes scolaires édité au format pdf, disponible en téléchargement sur le site des Cahiers pédagogiques

C’est entendu, l’organisation du temps scolaire doit avant tout répondre à l’intérêt des enfants. Mais on n’a pas beaucoup avancé si l’on s’en tient à cette affirmation parce que, d’une part, les données de la chronobiologie, si importantes, reposent avant tout sur des moyennes, et que, d’autre part, l’élève de l’école est aussi l’enfant d’une famille, vivant dans une cité, qui a ses propres ressources, culturelles, sportives, éducatives, de loisir, et dans un pays, qui a ses propres rythmes et ses propres contraintes, avec leurs avantages, et leurs nuisances. C’est donc tout cela qu’il s’agit de prendre en compte et il n’est pas étonnant qu’il soit difficile de s’accorder.
Qu’en est-il des données économiques et des rythmes sociaux ? Affirmer que l’étalement des vacances d’hiver serait fait dans l’intérêt des stations de sports d’hiver procède d’une vue trop réductrice. Il est vrai que tout le monde ne part pas en vacances : mais le taux moyen de départ (1) augmente constamment, de 43,6% en 1969 à 52,5% en 1980 et 62% en 1994). Les professions libérales ont depuis vingt ans un taux de départ de 90%, les cadres moyens de 80%, mais les catégories sociales qui ont été le plus longtemps à l’écart de ce mouvement s’y mettent à leur tour : en vingt ans, le taux est passé de 47 à 55% pour les ouvriers, de 14 à 35% pour les agriculteurs. Les écarts sont encore très marqués pour les vacances d’hiver, et la majorité des familles et des enfants ne vont pas en vacances de neige, mais le mouvement est le même, et l’on ne peut que s’en réjouir.
De plus, le calendrier des vacances scolaires s’est progressivement concentré sur juillet et août, à mesure que la durée des congés payés s’accroissait, des deux semaines de 1936 aux cinq semaines de 1982 ; on retrouve cette tendance dans les périodes de fermeture de beaucoup d’entreprises, dans le rythme de fonctionnement des régions touristiques, où il est renforcé par la location au mois ou à la semaine calendaires, et on comprend qu’il rythme de fait les pratiques de la majorité de la population. À une autre échelle, la semaine anglaise, l’aspiration à un week-end prolongé, les horaires quotidiens des entreprises et des administrations favorisent encombrements, accidents, stress, et fatigue au retour des vacances et des week-end.
En période de pointe, les équipements sont saturés pour être sous-employés, et donc souvent moins attractifs, en période creuse, ce qui renforce la concentration sur les périodes pleines. Et quand il arrive que les périodes de vacances en France coïncident avec celles des pays voisins, le problème prend une dimension européenne. Au reste, il y a des limites, techniques et sociales, à un assouplissement de l’usage du temps, et des pressions s’exercent même en sens contraire, par exemple pour étendre encore les fermetures de week-end à de nouveaux secteurs, comme la Poste, en négligeant le service aux particuliers. La recherche de solutions est donc souvent compliquée par des réalités contradictoires.
Ainsi, l’assouplissement des horaires quotidiens de l’école – on laisse ici de côté son aspect proprement pédagogique – se heurte à la rigidité des horaires des entreprises, et donc des parents, à moins de mettre en oeuvre tout un système d’accueil : selon le maire de Rouen, «un collège devrait être ouvert de 7h30 à 18h30 cinq jours dans la semaine. Après tout, les hôpitaux sont ouverts 24 heures sur 24, 365 jours par an (2).» Il y a aussi les contraintes, d’abord financières, des horaires de ramassage scolaire ; on a montré par ailleurs que ce ramassage «réduit de 10 % les chances d’orientation en cycle long» à la fin de la troisième (3)».
Le zonage des vacances scolaires, timidement et difficilement introduit depuis 1968, a pourtant, en termes d’économie ou de confort, des avantages qui surpassent les inconvénients, comme, par exemple, la difficulté de faire des réunions de familles très dispersées à travers le pays. En particulier, si les vacances d’été étaient raccourcies, ce qui semble de plus en plus une condition d’un aménagement plus pédagogique de la journée et de la semaine scolaires, on ne ferait qu’aggraver les encombrements et tout ce qui s’ensuit (par exemple les prix) s’il n’y avait pas en même temps un plus net étalement du calendrier. Aux oppositions à ce raccourcissement et à cet étalement, on peut objecter que l’uniformisation du calendrier scolaire est, somme toute, assez récente, et, il faut bien le dire, qu’il n’y a pas de loi ou de décret qui fixe la durée des vacances des enseignants.
Mais il s’en faut de beaucoup que le mouvement soit suffisant. Il reste subordonné à l’idée que le temps, à l’intérieur des périodes scolaires, se déroule uniformément, de jour en jour, de semaine en semaine. Or, d’un côté, l’intérêt du week-end ou l’incitation au déplacement ne sont pas les mêmes à toutes les saisons, ou dans toutes les régions. Et, d’un autre côté, introduire de la variété dans le temps scolaire, y ménager des temps forts, des moments de réajustement, des temps de conclusion, serait accroître l’efficacité pédagogique de l’enseignement. Cela converge avec les réflexions sur l’étalement des vacances et sur un usage plus souple du temps. Il faut rappeler ici les idées avancées il y a plus de vingt ans par Jacques de Chalendar (4) : l’étalement des fermetures n’est qu’une solution partielle, il faut arriver, comme dans d’autres pays, à ce que chacun puisse prendre au moins une partie de ses congés au moment choisi par lui dans une large période, de mai à septembre par exemple, avec organisation d’un roulement à l’intérieur de l’entreprise. Et, dans la mesure où les congés des travailleurs sont souvent déterminés par ceux des enfants, il faut organiser le même système dans l’école : «Les parents qui souhaitent travailler en juillet et en août, et, a fortiori, ceux qui y sont contraints, doivent pouvoir partir avec leurs enfants en mai, en juin ou en septembre. Il doit en être de même pour les maîtres.» L’école fonctionnerait alors de la façon habituelle d’octobre à avril ; de mai à septembre, elle ne fermerait pas, et les élèves et les enseignants pourraient prendre leurs congés, de durée inchangée, aux moments qu’ils choisiraient, par blocs de trois semaines, les groupes d’élèves étant recomposés ainsi toutes les trois semaines, pour des activités en forme de stages ou de modules, largement libérées des contraintes des programmes. On pallierait ainsi la désorganisation du troisième trimestre, étant entendu que rien d’autre que l’habitude n’oblige à ce que le baccalauréat soit en juin.
Radicales, ces idées n’ont pas été retenues à l’époque. Elles montrent cependant le lien entre temps de l’école et données économiques et on peut conjecturer qu’un certain nombre d’objections à la prise en compte de ce lien ne sont, au fond, que des façons distinguées de se prémunir contre tout changement de pédagogie ou de calendrier. Il en est sans doute de même pour la question, assez complexe, de l’alignement de l’année scolaire sur l’année civile.
Le zonage est une forme sans doute plus acceptable par l’opinion, y compris l’opinion enseignante, d’assurer un certain étalement. Tout le monde n’en est pas convaincu, à en juger par les fréquents remaniements du calendrier, et en dernier lieu, pour les trois années à venir, par la limitation de ce zonage aux vacances d’hiver et à celles de printemps : le premier trimestre restera très long, le troisième très court, les vacances d’été commenceront partout en même temps, la rentrée sera décalée non par zones, mais entre les lycées et les écoles et collèges, ce qui ne manquera pas de poser des problèmes aux familles. Pour l’été, on a sacrifié le principe de l’étalement à celui de dates uniformes pour les examens, et à la pratique des vacances au mois. Attendons les prochains changements de ce calendrier. Mais on voit bien la difficulté du zonage : pour instaurer une alternance, reconnue assez généralement comme souhaitable, de sept semaines de classe et deux semaines de repos, il faut l’appliquer à toutes les vacances, y compris donc les vacances d’été, mais aussi celles de Noël, et jusqu’ici on n’a jamais prévu qu’un décalage de quelques jours à ce moment. Il faut mettre en cause le calendrier des examens, voire leur consistance (mais ce ne sont pas des concours), et celui des mutations des enseignants. Le jeu en vaut pourtant la chandelle, l’économie s’en porterait mieux, et l’école aussi.
Calendrier scolaire et laïcité
Le calendrier scolaire pose aussi des questions sur la place des religions dans notre Ecole laïque.
En 1987, l’archevêque de Bourges avait attaqué en tribunal administratif une décision de l’inspecteur d’académie instituant la semaine anglaise et supprimant le congé du mercredi dans quelques écoles ; le tribunal puis le Conseil d’État en appel, avaient annulé la décision de l’IA au motif que seulement la loi ou le ministre pouvaient modifier le calendrier scolaire. Était invoqué l’article 2 de la loi de 1882 : "les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires". Mais la loi ne précise pas le jour. En revanche, la pratique d’un repos au milieu de la semaine, sans lien avec l’enseignement religieux, est bien antérieure, et c’est en continuant cette pratique qu’après 1882 le jeudi a été pris comme jour de congé, à une époque où le week-end n’était pas dans les habitudes. En 1972, on a transféré ce congé au mercredi, pour mieux équilibrer la semaine après la libération du samedi après-midi. On peut penser que des accords locaux entre autorités scolaires et autorités religieuses permettraient s’il était besoin, de dégager des horaires convenables pour permettre que les enfants reçoivent ce qu’on appelle aujourd’hui la catéchèse, y compris dans les jours ordinaires, en respectant l’esprit de la loi Ferry. Aujourd’hui, semble-t-il, quelque 45 % des enfants de 8 à 12 ans suivent la catéchèse dans les paroisses, un taux que l’Église craint de voir chuter fortement si le mercredi devenait jour de classe ordinaire.
On doit observer que le même problème se retrouverait pour d’autres activités, culturelles, sportives ou associatives, qui se déroulent actuellement le mercredi et ne se situeraient pas aussi facilement le samedi.
Reste la question des grandes fêtes, et du dernier jour de la semaine. Toutes considérations religieuses mises à part, on voit mal mettre en cause le dimanche, ou Noël, Pâques ou la Pentecôte, voire la Toussaint et même les lundis correspondants : ce sont, dans notre société laïcisée, des coutumes sociales et non religieuses. Il serait plus simple que Noël tombe toujours un dimanche, ou que la date de Pâques soit fixe ; rien ne semble s’y opposer théoriquement, mais cette question dépasse évidemment le cadre français. Quant aux autres fêtes chrétiennes chômées, leur liste a beaucoup évolué dans l’histoire, et elle n’est pas la même dans tous les pays, ainsi de l’Ascension, qui contribue si souvent à faire du mois de mai un mois en pointillés.
Remarquons enfin que, dans une société pluraliste, faire une place aux deux ou trois plus grandes fêtes juives et musulmanes serait une bonne mesure d’intégration. En revanche, il faut bien admettre que l’on ne peut pas donner au vendredi et au samedi, dans les écoles laïques, un rôle analogue à celui du dimanche.
Jacques George
Article paru dans le supplément n° 2 des Cahiers pédagogiques, mai/juin 1996.
Notes :
(1) L'INSEE compte comme départ en vacances un déplacement de plus de quatre jours, et ne prend en compte que les plus de vingt ans.

(2) Paris-Normandie, 15 mars 1996. À la suite : «les nombreux enseignants présents n'ont pu s'empêcher d'exprimer par un pesant murmure leur inquiétude devant un tel projet avec les conséquences humaines qu'il implique.»

(3) M. HENRIOT, président de l'ANATEEP, dans École et temps, INRP, 1994.

(4) Dans son rapport de 1970, Vers un nouvel aménagement de l'année, et un livre, L'aménagement du temps, Desclée de Brouwer, 1971.

19/03/2009

L’accompagnement à la scolarité en Essonne

Pour la troisième année consécutive, l’AD PEP 91 organise

le colloque de l’accompagnement à la scolarité en Essonne

« l’ambition de réussir ».

Samedi 28 mars 2009

8h30 à 12h et de 13h30 à 18h

sur le site IUFM d’Etiolles.

Cette manifestation a pour but de :

  • Réunir et resserrer les liens entre les différents acteurs de l’accompagnement à la scolarité (CLAS, Réussite éducative et accompagnement éducatif): intervenants et responsables des structures et associations, enseignants, parents.
  • Mutualiser les pratiques, les savoirs et les expériences dans ce domaine.
  • Informer sur les différents dispositifs mis en place à ce jour.
  • Echanger sur les enjeux, le rôle et l’intérêt de l’accompagnement à la scolarité.
  • Rechercher la meilleure complémentarité possible entre les différents dispositifs
  • Pour s'inscrire cliquer sur le document ci-dessous.




Plus d'infos, le programme détaillé : ADEP 91

13/03/2009

Rythmes de l’enfant : un autre aménagement est possible

Le mercredi 18 mars 2009 de 9h à 16h30 à la mairie du XIIème arrondissement de Paris, la FCPE, la Jeunesse au plein air et le Réseau français des villes éducatrices organisent une journée de réflexion sur l'aménagement des rythmes de l'enfant.

Les acteurs éducatifs sont invités à débattre des différentes possibilités afin d'imaginer une autre organisation de la semaine, pour le bien-être de l'enfant.

Cette journée apportera des informations à partir des contributions de chercheurs :

- Claire Leconte, professeure des universités en psychologie et spécialiste des rythmes de l'enfant,
- Nadine Le Floc'h, maîtresse de conférences en psychologie,
- Philippe Meirieu, professeur des universités en sciences de l'éducation,
- Alain Reinberg, médecin et chronobiologiste, auteur de nombreux ouvrages de chronobiologie,
- François Testu, chronopsychologue et président du conseil d'école de l'IUFM d'Orléans-Tours.


En savoir plus :

communiqué de presse
programme et inscription

05/03/2009

La FCPE-Crosne organise une soirée débat

Dans le cadre de ses réunions de débats et d’échanges, la FCPE- Crosne organise une soirée ayant pour thème :


L’enfant roi : Aimer sans tout permettre.


En présence de :

Isabelle FONTAINE, psychologue - sophrologue

Elisabeth NEAUX, intervenante prévention santé CPAM


Le jeudi 09 avril 2009 à 20H30

Salle PAROLE

Place Henry BARBUSSE à Crosne

au dessus de la bibliothèque municipale


Entrée gratuite. Venez nombreux !

13/02/2009

Pour la semaine de quatre jours et demi de classe

La FCPE met en ligne un dossier complet sur l'organisation de la semaine scolaire, les textes officiels, la procédure à suivre pour mettre en place la semaine de quatre jours et demi dans votre école, ainsi que des ressources documentaires pour aller plus loin dans votre réflexion.


Bibliographie :

L'enfant, la vraie question de l'Ecole, sous la direction de Hubert Montagner, éditions Odile Jacob, 2002. Cet ouvrage est issu d'un colloque organisé par la FCPE en 2001.
L'organisation du temps scolaire dans le premier degré : les effets de la semaine de quatre jours, rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale de mai 2002.

Rythmes de l'enfant ; de l'horloge biologique aux rythmes scolaires, expertise collective de l'INSERM, avril 2001.

Donner du temps... au temps de l'élève, dossier de la conférence de presse du CRAP du 3 septembre 2008.


Pour en savoir plus : à lire sur le blog.

11/02/2009

Evaluation du CM2

Vous êtes plusieurs à nous interroger sur un message électronique contenant une « réponse de la CNIL » indiquant ne pas avoir encore rendu son avis sur le fichier informatique recensant les résultats des évaluations de CM2. L’utilisation de ce fichier pour collationner les résultats serait dans ce cas illégale. Nous n’avons pour l’instant pas pu avoir confirmation par la CNIL de cette réponse et donc de l’illégalité du fichier utilisé par le ministère de l’Education nationale.

Cependant, en attendant une réponse officielle, vous pouvez vous opposer au traitement des résultats par ce fichier en reprenant par exemple le modèle de lettre d’Opposition au traitement des évaluations CM2 qui circule sur Internet (voir pièce jointe).

L’objet de la lettre d’Opposition au traitement des évaluations CM2 est de contester le traitement informatique des résultats des évaluations et de demander à l’administration de justifier sur quelle base légale elle opère et notamment si elle respecte les dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

En effet, si l’avis de la CNIL semble avoir été sollicité pour la création du fichier contesté, il n’est pas avéré qu’un avis favorable ait été rendu pour le moment. Aucun avis ne figure en tout cas sur le site de la CNIL et celle-ci ne nous a pas non plus proposé de nous le communiquer lorsque nous l’avons sollicitée par téléphone. Il appartient à l’administration de faire la preuve qu’elle agit dans la légalité et donc de produire cet avis.


C’est donc user de son droit de citoyen et agir sur le fondement de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 que de demander compte à un agent public de son administration.

Ce courrier s’adresse aux enseignants et directeurs d’école, l’objectif étant qu’ils se retournent vers les IA pour demander des instructions et qu’ainsi le mécontentement des parents soit remonté.

De plus, nous vous rappelons que l’évaluation des élèves fait partie des missions des enseignants et qu’ils organisent celle-ci dans le cadre de leur liberté pédagogique. Pour sa part, la FCPE s’est prononcée officiellement pour le report des évaluations nationales de CM2 par communiqué de presse en date du 15 janvier 2009 mais elle est favorable à l’organisation d’évaluations diagnostiques comme il en existait en CE2 et en 6ème jusqu’à l’année dernière et à l’exploitation statistique nationale de ces données rendues anonymes, à des fins de pilotage du système. C’est aussi grâce à de telles données que la nocivité du redoublement a été incontestablement mise en évidence par les chercheurs. On ne peut donc que regretter l’abandon des évaluations diagnostiques de CE2 et 6ème.

Mais forcer le trait avec de telles évaluations, biaisées parce que portant sur des éléments du programme non encore abordés, leur retire toute valeur et rend leur exploitation impossible. D’autant que la majorité des enseignants n’a pas suivi les évaluations à la lettre mais les a adaptées à la situation de sa classe. Il ne sera donc pas possible des les utiliser en comparaison nationale. L’utilité de la saisie des résultats dans un fichier informatique national est donc caduque pour cette année. Les résultats de ces évaluations doivent rester au niveau de la classe.

Jean-Jacques HAZAN
Président de la FCPE


Modèle de lettre

Opposition au traitement des évaluations CM2
Madame, Monsieur, Directeur(trice)
Madame, Monsieur ……………………….. , Instituteur(trice), professeur(e) des Ecoles

En ma qualité de représentant légal de l'enfant …………………………… actuellement inscrit dans votre établissement en classe de CM2 et en application des dispositions de l'article 38 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, je vous informe m'opposer à ce que les données personnelles nominatives relatives à mon enfant et résultant des évaluations pratiquées fassent l'objet d'un traitement automatique notamment par saisie informatique desdites évaluations.
Cette opposition vise toute personne devant effectuer la saisie des évaluations, ainsi que tout responsable de la mise en œuvre de ce traitement et tout destinataire de celui-ci.
D'une part, il n'existe pas à ma connaissance de dispositions légales particulières permettant ce traitement dans le cadre des évaluations 2009 en CM2, ni de dispositions expresses permettant d'écarter l'application de l'article 38 précité pour ce cas.
D'autre part, il apparaît que les données recueillies sont traitées et conservées de manière nominative au niveau de l'établissement et que leur procédure d'anonymisation pour leur transmission et leur utilisation en dehors de l'établissement laisse planer les plus grands doutes.
Notamment, cette procédure d'anonymisation ne semble offrir aucune garantie dans la mesure où l'attribution d'un numéro par évaluation permet de retrouver l'élève concerné – À cet égard, vous voudrez bien me justifier de ce que la procédure d'anonymisation utilisée a préalablement été reconnue conforme à la loi par la CNIL.
Par ailleurs, au mépris des dispositions de l'article 32 de la même loi, je n'ai pas été personnellement rendu destinataire des informations permettant ma connaissance de la mise en œuvre de ce traitement, de sa finalité, de son utilisation et des droits d'accès et de modification que je détiens sur les données en cause.
À cet égard, vous voudrez bien me justifier de la déclaration préalable du fichier créé par le regroupement de ces données et de son autorisation par la CNIL.
Je vous rappelle que la loi n° 78-17 prévoit des sanctions pénales pour les infractions commises à ses dispositions, outre toutes sanctions civiles de droit.
Je vous prie d'agréer l'expression de ma considération distinguée.
Signature

Les communes et l'école de la République

La cour des comptes a publié le 16 décembre un rapport intitulé « Les communes et l'Ecole de la République ». Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes a estimé, en le présentant en conférence de presse, que « l'Ecole est plus ou moins gratuite selon le lieu où on habite ».

Ce rapport est consultable en ligne
Vous pouvez également consulter une synthèse du rapport

Parents d'élèves, si vous saviez...

Cette tribune, parue dans Le Monde daté du mercredi 11 février, condamne le projet actuel de réforme de la formation des enseignants. Elle est cosignée par Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, et, entre autres, Philippe Joutard, historien, ancien recteur, président du groupe d’experts des programmes de l’école primaire de 2002, Hervé Hamon, écrivain, ancien expert auprès du Haut conseil de l’évaluation de l’école, Georges Molinié, Président de l’Université Paris 4 (Sorbonne) et André Ouzoulias, Professeur agrégé, IUFM de Versailles, Université de Cergy-Pontoise.


Le projet de réforme de la formation des maîtres entraînera un dramatique recul pour notre école publique. Qu'on en juge ! Aujourd'hui, après la licence et une année de préparation du concours, les lauréats ont le statut de professeur stagiaire.

Ils sont rémunérés durant leur cinquième année d'étude et leur formation se déroule en alternance dans des écoles internes d'universités, les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et dans des établissements scolaires. C'est ainsi que les futurs professeurs des écoles se voient confier des élèves, en pleine responsabilité, lors de stages occupant un tiers de l'année, dans trois classes différentes.

Ce n'est pas parfait. Cette formation est trop courte, elle souffre d'une insuffisante prise en compte des gestes professionnels, d'une trop faible articulation entre la pratique et les apports qui l'éclairent (savoirs disciplinaires, didactique, pédagogie, psychologie, sociologie, histoire de l'école...). Nous ne nous satisfaisons donc pas du statu quo : il faudrait concevoir une formation professionnelle plus longue, qui donne toute sa place à la formation universitaire et joue à fond la carte de l'alternance.

Fallait-il donc rayer d'un trait de plume le système actuel, sans aucune évaluation préalable, et le remplacer aussi vite par un autre, différent et sans équivalent ailleurs ? Qu'il faille dispenser une formation disciplinaire de large spectre aux futurs enseignants dans les deux années suivant la licence pour les rendre capables d'intégrer de nouvelles connaissances dans leur enseignement tout au long de leur carrière, cela fait consensus. Qu'il faille renforcer leur formation sur les plans didactique et pédagogique, cela aussi est incontestable. Et que l'on reconnaisse ce plus haut niveau de formation par la délivrance d'un master en est une suite logique. Mais la condition impérative pour que cela soit possible, c'est le maintien de la formation par alternance. Or ce n'est pas du tout ce que prévoit le nouveau dispositif, applicable dès septembre.

Pendant leur formation, les étudiants ne disposeront au mieux que d'un mois de stage pour s'exercer au métier, mais tous n'en bénéficieront pas car il n'est pas obligatoire d'en prévoir dans le cursus. Et comment le pourrait-on quand le ministère promet 40 000 stages pour... 150 000 étudiants ? Heureusement d'ailleurs pour les rectorats, bien incapables de répondre à la demande, notamment dans les académies qui ont le plus de candidats.

Et même quand les étudiants auront un stage, leur obsession légitime sera de réussir le concours : ses épreuves se situent en janvier et juin de la 2e année de master. Et il est évident que leur préparation empêchera aussi de s'engager dans les recherches qu'exige le mémoire de master.
Ensuite, après cette "formation", les débutants devront assurer seuls, sans accompagnement véritable, un enseignement à plein temps à l'année. Ainsi le professeur des écoles qui aura fait un stage d'un mois (dans le meilleur des cas) au CM1 pourra se voir confier, sans expérience préalable, un CP ou une classe de maternelle ! Et le jeune professeur de maths ou d'histoire qui aura pu s'entraîner quelques heures (mais pas toujours) dans une classe de 1re devra enseigner d'emblée à cinq ou six classes allant de la 6e à la 3e dans un collège de banlieue ! Premiers pas inoubliables dans le métier...

Donnerait-on le permis de conduire à des candidats qui n'auraient jamais pris le volant ? Que dirait-on d'une formation d'infirmières qui apprendraient dans les livres à faire les piqûres ? C'est pourtant ce que le ministère s'apprête à décréter. Les conséquences sont hélas prévisibles : les débutants auront du mal à gérer la classe et, malgré eux, ils mettront souvent leurs élèves en difficulté. Les inspecteurs et les chefs d'établissement seront submergés de plaintes, le pourcentage de démissionnaires augmentera, on créera des "cellules de soutien psychologique"...
Cette réforme réussit par ailleurs le tour de force de susciter simultanément de légitimes inquiétudes quant au niveau de maîtrise des disciplines par les futurs enseignants, notamment en raison d'une conception hybride des épreuves des concours. La réduction de leur nombre (pour faire des économies) empêchera de s'assurer que les lauréats maîtrisent bien les savoirs et compétences nécessaires pour enseigner les disciplines scolaires. Le comble est atteint avec le concours de professeurs des écoles, qui n'aura plus d'épreuve pour vérifier de façon fiable leur capacité à enseigner le français !

Enseigner est un métier qui s'apprend, et qui s'apprend continûment, en même temps qu'une fonction sociale qui exige une permanente mise à jour des connaissances. Or, non seulement le projet ne dit rien de la formation continue des professeurs du secondaire, déjà si restreinte, mais il la met en péril dans le primaire. En effet, actuellement, les professeurs des écoles peuvent bénéficier de la formation continue parce que, lors des stages de formation initiale, leurs jeunes collègues les remplacent dans leur classe. En divisant par trois la durée de ces stages, on anéantit la formation continue. On tourne le dos aux conditions du progrès de l'école.
La logique globale semble d'abord budgétaire : la suppression du statut de fonctionnaire stagiaire rémunéré équivaut à un plan social de 20 000 postes. Ce sera aux familles de payer les études... Du moins, celles qui le pourront. Cette logique est injuste.

Mais le projet met aussi à mal l'égalité territoriale. Le caractère national des concours est fragilisé, dans les départements ruraux, l'existence des sites IUFM installés dans les anciennes Ecoles normales est menacée et le gouvernement a engagé les universités dans une concurrence sauvage : on ne peut plus être sûr qu'on formera les mêmes enseignants d'une région à l'autre ou au sein d'une même région tant les conceptions du métier varient d'un projet à l'autre.
Est ainsi en train de se rompre le lien consubstantiel établi depuis Jules Ferry entre l'école, les maîtres et la République, celui d'une formation définie et maîtrisée par l'Etat. Nous assistons à la dénationalisation de la formation des maîtres, le coeur de l'école publique. Pourquoi les citoyens ne sont-ils pas informés de cette réforme essentielle ? Pourquoi le Parlement n'en est-il pas saisi ?

Depuis l'automne, ce projet fait l'unanimité contre lui. La plupart des universités ont demandé un moratoire pour permettre que s'engage une négociation sérieuse autour d'une vraie réforme, plus nécessaire que jamais, à un moment où le métier est de plus en plus difficile. Mais elles ne sont pas entendues.
Pour l'instant, cette obstination a un résultat évident : la pagaille dans le monde universitaire. Le retour des projets de master est imposé pour le 15 février, mais les dernières précisions du ministère datent du 15 janvier et les textes officiels sur les épreuves des concours ne sont toujours pas parus...

Que faire devant tant d'irresponsabilité et tant d'irrespect envers les acteurs de la formation ? Au regard des délais, il n'y a plus d'autre solution : les parents d'élèves, appuyés par les parlementaires et les élus locaux attachés à la qualité de notre école, doivent demander l'arrêt d'urgence de ce train fou. Nous en sommes convaincus, le gouvernement devra alors cesser de s'entêter et retirer sa "réforme", maintenir une année de plus les concours actuels, prendre le temps d'évaluer l'existant et organiser l'indispensable négociation. C'est l'esprit républicain et c'est le simple bon sens. Mais il faut agir vite.

Sylvie Clabecq, professeur IUFM Pays de Loire, université de Nantes ;
Guy Couarraze, président de l'université Paris-Sud-XI ;
Claudine Garcia-Debanc, professeur des universités, IUFM de Midi-Pyrénées, université Toulouse-II-Le Mirail ;
Sylvain Grandserre, professeur des écoles, directeur (Seine-Maritime), prix Louis Cros 2007 ;
Hervé Hamon, écrivain, auteur de "Tant qu'il y aura des profs" et éditeur ;
Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves de l'école publique ;
Philippe Joutard, historien, ancien recteur ;
Jean-Pierre Kahane, mathématicien, membre de l'Académie des sciences ;
Georges Molinié, président de l'université Paris-IV (Sorbonne) ;
André Ouzoulias, professeur agrégé, IUFM de Versailles, université de Cergy-Pontoise ;
Sylvie Plane, professeur des universités, IUFM de Paris, université Paris-IV.