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02/06/2009

L'organisation et l'utilisation du temps scolaire à l'école primaire : enjeux et effets sur les élèves

Le temps scolaire est une notion centrale en matière de politique éducative car son organisation et son utilisation déterminent les conditions d’apprentissage des élèves. Si du point de vue de la recherche en éducation cette question peut être abordée sous des angles divers, c’est principalement la répartition du temps qui retient le plus l’attention des acteurs du système éducatif et qui fait débat comme c’est le cas aujourd’hui avec la suppression du samedi matin à l’école primaire.
Lire l'article de Bruno Suchaut

06/05/2009

Une communication ministérielle en cache-t-elle toujours une autre ?

Oui, votre décision d’imposer la fermeture de toutes les écoles le samedi matin, couplée au jeudi de l’Ascension va bien évidemment augmenter la tentation déjà forte d’ouvrir la cage aux oiseaux et de pratiquer en famille les plaisirs de l’école buissonnière.

Oui, Monsieur Darcos, le jeudi de l’Ascension est bien un jeudi férié qui fait partie d’un long week-end aussi appelé communément le pont de l’Ascension, occasion pour beaucoup de familles de profiter largement des premiers jours de printemps avec leurs enfants et cela ne date pas d’hier.

Oui, l’absentéisme scolaire déjà constaté les années précédentes, risque fort de connaître des pics élevés cette année.
Mais à qui la faute!
Aux exigences budgétaires qui poussent ministre et services ministériels à imposer des mesures contraires à l’intérêt des enfants ?
Aux idéologies politiques qui incitent à des choix contraires aux intérêts des enfants ?
En tout état de cause, Monsieur le ministre, s’il est bien trop tard pour vous soucier des conséquences de vos choix sur l’organisation de la semaine de l’Ascension, il est toujours temps de vous soucier du réel intérêt des enfants sur toutes les autres semaines de l’année scolaire en organisant une réelle concertation sur l’aménagement du temps de l’enfant !
Encore une fois, les parents d’élèves de la FCPE regrettent l’incapacité du gouvernement à conjuguer les verbes anticiper et dialoguer.
Mais surtout ils se posent deux questions fondamentales :
Pourquoi ce questionnement tardif sur un sujet, certes réactualisé, mais qui pose néanmoins problème depuis que l’Ecole existe ? L’Ecole et le ministre n’auraient-ils pas d’autres sujets d’importance à résoudre ?

(source FCPE national)

09/04/2009

L'aménagement du temps des écoliers

Ce texte provient d’un dossier du CRAP-Cahiers pédagogiques sur les rythmes scolaires édité au format pdf, disponible en téléchargement sur le site des Cahiers pédagogiques

Désignées par le très mauvais terme de « rythmes scolaires », les anomalies de la répartition des temps de travail des écoliers, collégiens et lycéens sont périodiquement dénoncées par des articles de revues ou de journaux, par des livres ou par des émissions de radio ou de télévision. Malheureusement, ces accusations et les propositions de réformes qui leur sont associées perdent souvent de leur pertinence du fait de l’insuffisance de réflexion et/ou de connaissances de leurs auteurs.
Évitant les exposés détaillés et les discussions publiées par ailleurs (voir bibliographie ci-dessous), je me limiterai ici à quelques données essentielles et à l’exposé des lignes directrices que je propose à notre réflexion.
Je me concentrerai sur les problèmes de l’enseignement primaire, non que ceux des collèges et lycées me paraissent négligeables, mais parce que les erreurs commises pendant ces premiers stades du cursus scolaire sont particulièrement dévastatrices.
J’essayerai de répondre aux questions que nous nous posons en adoptant l’ordre suivant :

• Pourquoi voulons nous changer les horaires scolaires ?

• Dans quel ordre faut-il aborder les aménagements de la journée, de la semaine et de l’année ?

• Quelles sont les mesures idéales satisfaisant au mieux nos connaissances sur les besoins et les aptitudes des enfants ?

• Quels sont les compromis inévitables que l’on peut accepter pour tenir compte des habitudes sociales ?
Pourquoi modifier les horaires scolaires actuels ?
Le motif habituellement invoqué en priorité est celui de la fatigue. J’ai moi-même accepté le titre La fatigue à l’école pour mon livre sur ce sujet dont la première édition a été publiée en 1976. Si je devais le récrire aujourd’hui, je choisirais un autre titre. Le travail scolaire n’est pas une cause directe de fatigue pour l’enfant : quand on lui en demande trop, il s’évade, soit par le refus, soit par le rêve et l’inattention. Les sources de fatigue sont plutôt à chercher dans les erreurs de la vie familiale, notamment dans l’insuffisance de sommeil, en n’oubliant pas cependant que ces erreurs familiales sont souvent la conséquence de celles de l’école.

Un effet le plus pernicieux de la mauvaise répartition des périodes de travail scolaire concerne le rendement de ce travail. Comme la nourriture du corps, celle de l’esprit exige des repas de quantité raisonnable, séparés par des intervalles suffisants pour en permettre la digestion et l’assimilation. Ce processus d’assimilation des connaissances nouvelles ressemble plus à la rumination des bovidés qu’à notre fonctionnement digestif : il exige des répétitions parfois multiples et la vérification que l’assimilation est satisfaisante avant d’entreprendre la suite du programme d’enseignement.
Il faut que la charge de travail scolaire laisse quotidiennement la place nécessaire au sommeil, au jeu et à toutes les activités nécessaires au développement équilibré d’un enfant. Une loi fondamentale d’hygiène de vie nous dit que l’équilibre nécessaire entre nos divers types d’activité (travail - repos, mouvement - immobilité, sommeil - éveil, etc.) doit être cherché en priorité dans le cadre des 24 heures. C’est tous les jours qu’un enfant doit disposer du temps nécessaire au jeu, au repos et à la satisfaction complète de ses besoins de sommeil.
Parmi les activités ne faisant pas partie du programme spécifiquement scolaire, certaines vont permettre d’assurer l’élasticité de l’emploi du temps : les enfants ne sont pas des machines régulièrement entretenues et prêtes à répondre sans défaillances aux sollicitations. Il leur arrive d’être malades ou d’être perturbés par des problèmes affectifs, c’est-à-dire d’être rendus indisponibles au travail scolaire pendant des périodes plus ou moins longues. Il faut pouvoir, momentanément, remplacer une ou plusieurs de ces activités par des séances de rattrapage scolaire. Dans la situation actuelle, ce rattrapage n’est pas possible dans les horaires scolaires, il ne peut être fait que dans les familles (et beaucoup n’en n’ont pas les possibilités) et le temps prélevé sur les loisirs et, surtout, sur le sommeil.
Dans quel ordre aborder les problèmes ?
Quand, il y a une quarantaine d’années, les premières propositions d’aménagement des « rythmes scolaires » ont vu le jour, la plupart ont consisté à ajouter aux programmes scolaires, des activités diverses (sports, travaux manuels et formations artistiques). C’était mettre la charrue avant les boeufs : les journées scolaires, déjà trop chargées, n’offraient pas de temps disponible ; celui-ci, en fin de compte, était prélevé sur les loisirs ou le sommeil des enfants. Dans certaines localités, des parents s’associèrent pour protester contre cette aggravation du surmenage scolaire. Tout le monde est d’accord aujourd’hui - et c’est même le seul point sur lequel l’unanimité se fasse - pour penser que les journées scolaires sont trop chargées et que toute réforme doit commencer par supprimer cette surcharge.
Trois solutions sont possibles pour y parvenir :

• Alléger les programmes.

• Allonger la durée des cycles d’enseignement : par exemple, répartir sur quatre ans ce qui est aujourd’hui étalé sur trois ans.

• Augmenter le nombre annuel des jours de fréquentation scolaire.
Si on veut bien prendre conscience de l’absurdité de la répartition actuelle : 175 jours de classe par an (*) pour 190 jours de congé (15 jours de congé de plus que de jours de travail !), il est évident que c’est le troisième moyen qui pourra nous fournir l’essentiel du gain de temps dont nous avons besoin pour soulager les journées. Il est inutile de parler de réforme, si on ne commence pas par réduire notablement le nombre annuel de jours de congé.
L’aménagement de la semaine devient un problème secondaire qui pourrait connaître des solutions variables selon les conditions locales.
Objectifs idéaux :
• Une année scolaire de 200 jours au moins.

• 4 à 6 heures de travail scolaire par jour en fonction de l’âge, y compris le travail personnel à la maison ou à l’étude.

• 5 à 6 jours de classe par semaine en fonction des saisons ou des conditions locales.

La semaine de 4 jours, véritable escroquerie qui maintient la répartition scandaleuse de 175 jours de travail pour 190 jours de congé, est à proscrire.
Les inévitables compromis
Je souhaiterais ne pas en accepter sur le nombre de jours de fréquentation scolaire par an. Mais je ne suis pas optimiste : l’égoïsme des adultes domine et les intérêts corporatistes l’emportent sur toute autre considération : syndicats d’enseignants, représentants des hôteliers et autres métiers de loisirs et, last but not least, les parents, principaux partisans de la funeste semaine de 4 jours.
Le temps réservé au travail scolaire quotidien pourra être discuté, l’appréciation de l’effort fourni par un enfant dans son travail scolaire ne peut pas être mesuré de façon précise et les variations individuelles sont particulièrement fréquentes et importantes dans ce domaine.
Je ne pense pas qu’il faille céder sur un minimum de 5 jours de travail par semaine. Le remplacement du congé du mercredi par celui du samedi paraît inévitable et sans inconvénient majeur.
J’ai laissé de côté jusqu’à présent deux problèmes importants : que je ne ferai qu’évoquer parce leurs solutions supposent que les problèmes précédents soient d’abord résolus.

• Tenir compte des variations de la réceptivité des élèves à l’enseignement au cours de la journée, en fonction des saisons et selon le jour de la semaine.

• Tenir compte des variations individuelles considérables des facultés d’attention, des possibilités de rester immobiles et silencieux, des goûts et des curiosités des enfants.
Il est certain que, pour la plupart des individus, le milieu de la matinée et l’après-midi au delà de 15, voire de 16 heures sont les plus favorables aux activités intellectuelles.

Mais la mise en application de ces données est rendue très difficile, voire impossible pour deux raisons :

• ces périodes sont aussi celle des meilleures performances physiques ;

• les disponibilités en locaux et installations sportives permettent rarement d’en tenir compte dans l’état actuel de nos équipements scolaires.
Les particularités de chaque individu sont, dans tous les domaines, la source principale des difficultés de fonctionnement des collectivités. En ce qui concerne l’aménagement du temps, aucun système n’est capable de répondre de façon parfaite aux variations individuelles des besoins de sommeil, des durées des périodes d’attention et de leur répartition dans la journée, des capacités de tolérance à l’immobilité, etc. Il est certain que, si critiquables soient-elles pour la majorité, les conditions actuelles du fonctionnement de notre système scolaire conviennent à 20 ou 30 % des écoliers, ou leur sont tout au moins supportables. C’est dans cette fraction de la population que se recrutent les cadres de la nation qui ne peuvent qu’être satisfaits d’un système qui leur a réussi, ce qui explique en grande partie la résistance au changement. Et cela doit nous rendre prudents dans nos revendications : renonçons à chercher le système valable pour tous. Nous avons à corriger de grossières erreurs et à mettre au point un ensemble de mesure pouvant satisfaire la majorité des élèves. Mais acceptons d’emblée de prévoir un grand nombre de « mutants » et de donner à notre organisation la souplesse et la diversité qui permette de les accueillir.
Ce texte, écrit en mai 2000, apparaît imprégné de l’esprit du milieu du siècle plus que de celui de sa fin. Il est sûr, et je l’espère, que beaucoup des difficultés que j’invoque seront balayées par l’utilisation généralisée des moyens de communication à distance.
Mais quand on considère l’immobilisme du système scolaire français (malgré quelques progrès), son refus de renouveler les méthodes pédagogiques, sa répugnance à se servir de la télévision et du magnétoscope, cette évolution se fera attendre encore longtemps.
(*) Note de 2009 : rappelons que la suppression du samedi matin qui est devenue la règle générale depuis la rentrée 2008 a réduit ce nombre à 140 jours par an...
Article paru dans les Cahiers pédagogiques n° 399 (décembre 2001).
Guy Vermeil
Pédiatre
Bibliographie

Reinberg, A. Les rythmes biologiques ; mode d’emploi, Paris, Flammarion, 1994.

Reinberg, A. et Vermeil, G. "Rythmes scolaires - le blocage des adultes", Le Monde du
20 octobre 1995. Article cosigné par C. Leconte-Lambert, P. Leconte, H. Montagner, F. Testu et Y. Touitou.

Vermeil G. "De quelques caractères spécifiques du travail scolaire", Revue d’hygiène et de Médecine scolaires, 1979, XXXII, 191.

Vermeil, G. La fatigue à l’école, Paris, ESF, 5e éd. 1987.

Vermeil, C. et Vermeil, G. Lièvres et tortues ; pour une école plus efficace, Paris, Stock, 1999 (nouv. éd.).

Temps scolaire, économie et société

Ce texte provient d’un dossier du CRAP-Cahiers pédagogiques sur les rythmes scolaires édité au format pdf, disponible en téléchargement sur le site des Cahiers pédagogiques

C’est entendu, l’organisation du temps scolaire doit avant tout répondre à l’intérêt des enfants. Mais on n’a pas beaucoup avancé si l’on s’en tient à cette affirmation parce que, d’une part, les données de la chronobiologie, si importantes, reposent avant tout sur des moyennes, et que, d’autre part, l’élève de l’école est aussi l’enfant d’une famille, vivant dans une cité, qui a ses propres ressources, culturelles, sportives, éducatives, de loisir, et dans un pays, qui a ses propres rythmes et ses propres contraintes, avec leurs avantages, et leurs nuisances. C’est donc tout cela qu’il s’agit de prendre en compte et il n’est pas étonnant qu’il soit difficile de s’accorder.
Qu’en est-il des données économiques et des rythmes sociaux ? Affirmer que l’étalement des vacances d’hiver serait fait dans l’intérêt des stations de sports d’hiver procède d’une vue trop réductrice. Il est vrai que tout le monde ne part pas en vacances : mais le taux moyen de départ (1) augmente constamment, de 43,6% en 1969 à 52,5% en 1980 et 62% en 1994). Les professions libérales ont depuis vingt ans un taux de départ de 90%, les cadres moyens de 80%, mais les catégories sociales qui ont été le plus longtemps à l’écart de ce mouvement s’y mettent à leur tour : en vingt ans, le taux est passé de 47 à 55% pour les ouvriers, de 14 à 35% pour les agriculteurs. Les écarts sont encore très marqués pour les vacances d’hiver, et la majorité des familles et des enfants ne vont pas en vacances de neige, mais le mouvement est le même, et l’on ne peut que s’en réjouir.
De plus, le calendrier des vacances scolaires s’est progressivement concentré sur juillet et août, à mesure que la durée des congés payés s’accroissait, des deux semaines de 1936 aux cinq semaines de 1982 ; on retrouve cette tendance dans les périodes de fermeture de beaucoup d’entreprises, dans le rythme de fonctionnement des régions touristiques, où il est renforcé par la location au mois ou à la semaine calendaires, et on comprend qu’il rythme de fait les pratiques de la majorité de la population. À une autre échelle, la semaine anglaise, l’aspiration à un week-end prolongé, les horaires quotidiens des entreprises et des administrations favorisent encombrements, accidents, stress, et fatigue au retour des vacances et des week-end.
En période de pointe, les équipements sont saturés pour être sous-employés, et donc souvent moins attractifs, en période creuse, ce qui renforce la concentration sur les périodes pleines. Et quand il arrive que les périodes de vacances en France coïncident avec celles des pays voisins, le problème prend une dimension européenne. Au reste, il y a des limites, techniques et sociales, à un assouplissement de l’usage du temps, et des pressions s’exercent même en sens contraire, par exemple pour étendre encore les fermetures de week-end à de nouveaux secteurs, comme la Poste, en négligeant le service aux particuliers. La recherche de solutions est donc souvent compliquée par des réalités contradictoires.
Ainsi, l’assouplissement des horaires quotidiens de l’école – on laisse ici de côté son aspect proprement pédagogique – se heurte à la rigidité des horaires des entreprises, et donc des parents, à moins de mettre en oeuvre tout un système d’accueil : selon le maire de Rouen, «un collège devrait être ouvert de 7h30 à 18h30 cinq jours dans la semaine. Après tout, les hôpitaux sont ouverts 24 heures sur 24, 365 jours par an (2).» Il y a aussi les contraintes, d’abord financières, des horaires de ramassage scolaire ; on a montré par ailleurs que ce ramassage «réduit de 10 % les chances d’orientation en cycle long» à la fin de la troisième (3)».
Le zonage des vacances scolaires, timidement et difficilement introduit depuis 1968, a pourtant, en termes d’économie ou de confort, des avantages qui surpassent les inconvénients, comme, par exemple, la difficulté de faire des réunions de familles très dispersées à travers le pays. En particulier, si les vacances d’été étaient raccourcies, ce qui semble de plus en plus une condition d’un aménagement plus pédagogique de la journée et de la semaine scolaires, on ne ferait qu’aggraver les encombrements et tout ce qui s’ensuit (par exemple les prix) s’il n’y avait pas en même temps un plus net étalement du calendrier. Aux oppositions à ce raccourcissement et à cet étalement, on peut objecter que l’uniformisation du calendrier scolaire est, somme toute, assez récente, et, il faut bien le dire, qu’il n’y a pas de loi ou de décret qui fixe la durée des vacances des enseignants.
Mais il s’en faut de beaucoup que le mouvement soit suffisant. Il reste subordonné à l’idée que le temps, à l’intérieur des périodes scolaires, se déroule uniformément, de jour en jour, de semaine en semaine. Or, d’un côté, l’intérêt du week-end ou l’incitation au déplacement ne sont pas les mêmes à toutes les saisons, ou dans toutes les régions. Et, d’un autre côté, introduire de la variété dans le temps scolaire, y ménager des temps forts, des moments de réajustement, des temps de conclusion, serait accroître l’efficacité pédagogique de l’enseignement. Cela converge avec les réflexions sur l’étalement des vacances et sur un usage plus souple du temps. Il faut rappeler ici les idées avancées il y a plus de vingt ans par Jacques de Chalendar (4) : l’étalement des fermetures n’est qu’une solution partielle, il faut arriver, comme dans d’autres pays, à ce que chacun puisse prendre au moins une partie de ses congés au moment choisi par lui dans une large période, de mai à septembre par exemple, avec organisation d’un roulement à l’intérieur de l’entreprise. Et, dans la mesure où les congés des travailleurs sont souvent déterminés par ceux des enfants, il faut organiser le même système dans l’école : «Les parents qui souhaitent travailler en juillet et en août, et, a fortiori, ceux qui y sont contraints, doivent pouvoir partir avec leurs enfants en mai, en juin ou en septembre. Il doit en être de même pour les maîtres.» L’école fonctionnerait alors de la façon habituelle d’octobre à avril ; de mai à septembre, elle ne fermerait pas, et les élèves et les enseignants pourraient prendre leurs congés, de durée inchangée, aux moments qu’ils choisiraient, par blocs de trois semaines, les groupes d’élèves étant recomposés ainsi toutes les trois semaines, pour des activités en forme de stages ou de modules, largement libérées des contraintes des programmes. On pallierait ainsi la désorganisation du troisième trimestre, étant entendu que rien d’autre que l’habitude n’oblige à ce que le baccalauréat soit en juin.
Radicales, ces idées n’ont pas été retenues à l’époque. Elles montrent cependant le lien entre temps de l’école et données économiques et on peut conjecturer qu’un certain nombre d’objections à la prise en compte de ce lien ne sont, au fond, que des façons distinguées de se prémunir contre tout changement de pédagogie ou de calendrier. Il en est sans doute de même pour la question, assez complexe, de l’alignement de l’année scolaire sur l’année civile.
Le zonage est une forme sans doute plus acceptable par l’opinion, y compris l’opinion enseignante, d’assurer un certain étalement. Tout le monde n’en est pas convaincu, à en juger par les fréquents remaniements du calendrier, et en dernier lieu, pour les trois années à venir, par la limitation de ce zonage aux vacances d’hiver et à celles de printemps : le premier trimestre restera très long, le troisième très court, les vacances d’été commenceront partout en même temps, la rentrée sera décalée non par zones, mais entre les lycées et les écoles et collèges, ce qui ne manquera pas de poser des problèmes aux familles. Pour l’été, on a sacrifié le principe de l’étalement à celui de dates uniformes pour les examens, et à la pratique des vacances au mois. Attendons les prochains changements de ce calendrier. Mais on voit bien la difficulté du zonage : pour instaurer une alternance, reconnue assez généralement comme souhaitable, de sept semaines de classe et deux semaines de repos, il faut l’appliquer à toutes les vacances, y compris donc les vacances d’été, mais aussi celles de Noël, et jusqu’ici on n’a jamais prévu qu’un décalage de quelques jours à ce moment. Il faut mettre en cause le calendrier des examens, voire leur consistance (mais ce ne sont pas des concours), et celui des mutations des enseignants. Le jeu en vaut pourtant la chandelle, l’économie s’en porterait mieux, et l’école aussi.
Calendrier scolaire et laïcité
Le calendrier scolaire pose aussi des questions sur la place des religions dans notre Ecole laïque.
En 1987, l’archevêque de Bourges avait attaqué en tribunal administratif une décision de l’inspecteur d’académie instituant la semaine anglaise et supprimant le congé du mercredi dans quelques écoles ; le tribunal puis le Conseil d’État en appel, avaient annulé la décision de l’IA au motif que seulement la loi ou le ministre pouvaient modifier le calendrier scolaire. Était invoqué l’article 2 de la loi de 1882 : "les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires". Mais la loi ne précise pas le jour. En revanche, la pratique d’un repos au milieu de la semaine, sans lien avec l’enseignement religieux, est bien antérieure, et c’est en continuant cette pratique qu’après 1882 le jeudi a été pris comme jour de congé, à une époque où le week-end n’était pas dans les habitudes. En 1972, on a transféré ce congé au mercredi, pour mieux équilibrer la semaine après la libération du samedi après-midi. On peut penser que des accords locaux entre autorités scolaires et autorités religieuses permettraient s’il était besoin, de dégager des horaires convenables pour permettre que les enfants reçoivent ce qu’on appelle aujourd’hui la catéchèse, y compris dans les jours ordinaires, en respectant l’esprit de la loi Ferry. Aujourd’hui, semble-t-il, quelque 45 % des enfants de 8 à 12 ans suivent la catéchèse dans les paroisses, un taux que l’Église craint de voir chuter fortement si le mercredi devenait jour de classe ordinaire.
On doit observer que le même problème se retrouverait pour d’autres activités, culturelles, sportives ou associatives, qui se déroulent actuellement le mercredi et ne se situeraient pas aussi facilement le samedi.
Reste la question des grandes fêtes, et du dernier jour de la semaine. Toutes considérations religieuses mises à part, on voit mal mettre en cause le dimanche, ou Noël, Pâques ou la Pentecôte, voire la Toussaint et même les lundis correspondants : ce sont, dans notre société laïcisée, des coutumes sociales et non religieuses. Il serait plus simple que Noël tombe toujours un dimanche, ou que la date de Pâques soit fixe ; rien ne semble s’y opposer théoriquement, mais cette question dépasse évidemment le cadre français. Quant aux autres fêtes chrétiennes chômées, leur liste a beaucoup évolué dans l’histoire, et elle n’est pas la même dans tous les pays, ainsi de l’Ascension, qui contribue si souvent à faire du mois de mai un mois en pointillés.
Remarquons enfin que, dans une société pluraliste, faire une place aux deux ou trois plus grandes fêtes juives et musulmanes serait une bonne mesure d’intégration. En revanche, il faut bien admettre que l’on ne peut pas donner au vendredi et au samedi, dans les écoles laïques, un rôle analogue à celui du dimanche.
Jacques George
Article paru dans le supplément n° 2 des Cahiers pédagogiques, mai/juin 1996.
Notes :
(1) L'INSEE compte comme départ en vacances un déplacement de plus de quatre jours, et ne prend en compte que les plus de vingt ans.

(2) Paris-Normandie, 15 mars 1996. À la suite : «les nombreux enseignants présents n'ont pu s'empêcher d'exprimer par un pesant murmure leur inquiétude devant un tel projet avec les conséquences humaines qu'il implique.»

(3) M. HENRIOT, président de l'ANATEEP, dans École et temps, INRP, 1994.

(4) Dans son rapport de 1970, Vers un nouvel aménagement de l'année, et un livre, L'aménagement du temps, Desclée de Brouwer, 1971.

13/03/2009

Rythmes de l’enfant : un autre aménagement est possible

Le mercredi 18 mars 2009 de 9h à 16h30 à la mairie du XIIème arrondissement de Paris, la FCPE, la Jeunesse au plein air et le Réseau français des villes éducatrices organisent une journée de réflexion sur l'aménagement des rythmes de l'enfant.

Les acteurs éducatifs sont invités à débattre des différentes possibilités afin d'imaginer une autre organisation de la semaine, pour le bien-être de l'enfant.

Cette journée apportera des informations à partir des contributions de chercheurs :

- Claire Leconte, professeure des universités en psychologie et spécialiste des rythmes de l'enfant,
- Nadine Le Floc'h, maîtresse de conférences en psychologie,
- Philippe Meirieu, professeur des universités en sciences de l'éducation,
- Alain Reinberg, médecin et chronobiologiste, auteur de nombreux ouvrages de chronobiologie,
- François Testu, chronopsychologue et président du conseil d'école de l'IUFM d'Orléans-Tours.


En savoir plus :

communiqué de presse
programme et inscription

13/02/2009

Pour la semaine de quatre jours et demi de classe

La FCPE met en ligne un dossier complet sur l'organisation de la semaine scolaire, les textes officiels, la procédure à suivre pour mettre en place la semaine de quatre jours et demi dans votre école, ainsi que des ressources documentaires pour aller plus loin dans votre réflexion.


Bibliographie :

L'enfant, la vraie question de l'Ecole, sous la direction de Hubert Montagner, éditions Odile Jacob, 2002. Cet ouvrage est issu d'un colloque organisé par la FCPE en 2001.
L'organisation du temps scolaire dans le premier degré : les effets de la semaine de quatre jours, rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale de mai 2002.

Rythmes de l'enfant ; de l'horloge biologique aux rythmes scolaires, expertise collective de l'INSERM, avril 2001.

Donner du temps... au temps de l'élève, dossier de la conférence de presse du CRAP du 3 septembre 2008.


Pour en savoir plus : à lire sur le blog.

05/02/2009

La FCPE exige la semaine scolaire de quatre jours et demi avec le mercredi matin

La FCPE lance une campagne nationale pour que les parents d’élèves élus mettent à l’ordre du jour des conseils d’école du deuxième trimestre la réorganisation de la semaine scolaire.

Une seconde rentrée scolaire avec une semaine sur quatre jours revient à renoncer au respect des besoins et des rythmes des enfants.

La FCPE lance une campagne nationale pour que les parents d’élèves élus mettent à l’ordre du jour des conseils d’école du deuxième trimestre la réorganisation de la semaine scolaire.
Elle appelle les parents à se concerter avec les villes, les équipes pédagogiques, les inspections académiques, les associations complémentaires de l’école pour proposer une semaine sur quatre jours et demi avec cours le mercredi matin, et un temps scolaire quotidien qui n’excède pas 5 heures.

Cette nouvelle organisation de la semaine permet l’adaptation de la journée de classe aux rythmes des élèves.

Les pics de vigilance des élèves qui se situent en fin de matinée et en fin d’après midi seront enfin pris en compte.

Le temps d’accueil du matin, la pause méridienne et l’après classe seront ainsi repensés.
Cette réorganisation de la semaine participe à la lutte contre l’échec scolaire.

La FCPE rappelle que le système éducatif français impose aux enfants les journées de classe les plus longues d’Europe sur l’année scolaire la plus courte.

A lire : "L’aménagement des rythmes scolaires reste à faire"

source site national

02/02/2009

Rythmes biologiques et espaces chez l'enfant

Hubert Montagner, directeur de recherches à l'INSERM, démontre dans cet article l'importance dès la naissance des interférences du temps et de l'espace dans les constructions de l'enfance, y compris les apprentissages.

Les études combinées du développement, des processus d'attachement et des conduites de l'enfant montrent que, dès la naissance, et avant pour certains aspects, la relation, le temps et l'espace interfèrent à tout moment dans l'organisation et la fonctionnalité des « compétences-socles » qui sous-tendent les constructions de l'enfance, y compris dans les apprentissages (FI. Montagner,1995, 1996, 2002). En conséquence, lorsqu'on élabore dans les écoles des stratégies qui lient la relation, le temps et l'espace, on crée les conditions « basiques » pour que les enfants de tout âge puissent révéler ces compétences, quelles que soient leurs particularités, y compris lorsqu'ils sont «étrangers», «inadaptés» ou «handicapés». Ils peuvent alors structurer leurs processus cognitifs et libérer leurs ressources intellectuelles.
Je n'aborderai pas ici les systèmes de relations, ni leurs fondements comportementaux et psychiques, puisque ce domaine est bien exploré par les cliniciens qui participent au colloque (voir aussi H. Montagner, 1996, 1998,2002).
S'agissant du temps, les principales conclusions issues des recherches sur les rythmes veille-sommeil et les rythmicités psychologiques ont été rapportées respectivement par J.Paty et F.Testu. Je nie limiterai donc à la présentation de données récentes sur l'évolution temporelle de rythmicités «bio-psychologiques, qui sous-tendent le traitement de l'information à l'école maternelle, et donc les constructions qui sous-tendent l'accès au savoir et à la connaissance, notamment dans les apprentissages scolaires. Je présenterai ensuite quelques principes d'aménagement des espaces scolaires à partir des données de la recherche et des constats de la clinique (les espaces-temps).

1. Données nouvelles sur la genèse des rythmicités de la vigilance et du traitement de l'information au cours de la journée scolaire
Des données nouvelles se dégagent d'une recherche conduite pendant 3 ans sur les fluctuations au cours de la journée de la vigilance et de l'efficience dans le traitement de l'information, de la petite à la grande section d'école maternelle, au sein d'établissements scolaires dont certains sont situés en Zone d'Education Prioritaire et les autres en secteur «ordinaire».
Fondée sur une méthode proche de celle utilisée par Testu, mais avec des tests adaptés aux âges de l'école maternelle, la recherche permet de quantifier chez tous les enfants de la même classe leurs oublis et erreurs dans le «traitement» à quatre moments de la journée de signes «iconiques» et de signes linguistiques (dans chaque classe, les tests sont organisés une seule fois dans la journée à 9h, 11h, 14h ou 16h). Elle a porté sur plusieurs centaines d'enfants dans 12 écoles maternelles de la même région du sud de la France. Le traitement statistique de plusieurs milliers de tests révèle notamment que :
a). En grande section d'école maternelle (les enfants sont âgés de 5 à 6 ans au moment des tests), le pourcentage d'enfants peu ou non vigilants, c'est-à-dire qui commettent au moins un «oubli» (ils n'entourent pas tous les signes iconiques ou linguistiques identiques au modèle) et la fréquence des «oublis» suivent la même évolution journalière que celle mise en évidence chez les enfants de l'école élémentaire (Testu,1986-2001; Montagner et Testu, 1996) : les valeurs les plus élevées sont observées à 9h et 14h. C'est aussi ce qu'on observe pour le pourcentage des enfants qui commettent au moins une erreur dans le traitement de l'information (ils entourent un ou plusieurs signes différents de celui du modèle) et la fréquence moyenne des erreurs. Soulignons que, dans notre échantillon, l'organisation du temps scolaire est comparable à celle de la plupart des écoles élémentaires, c'est-à-dire une matinée de 8h30 à 11h30 et un après-midi de 11h30 à 16h30. Soulignons qu'un «temps de sieste» n'y est pas organisé après le déjeuner.
b). En moyenne section (les enfants sont âgés de 4 à 5 ans), les fluctuations au cours de la journée sont comparables à celles de la grande section, mais seulement pour le pourcentage des enfants «oublient». Cependant, elles sont moins marquées. En revanche, la fréquence moyenne des « oublis » ne varie pas de façon significative d'un moment à l'autre de la journée scolaire. Si on considère les erreurs dans le traitement de l'information, les résultats sont différents de ceux de la grande section :
- le pourcentage des enfants qui commettent au moins une erreur et la fréquence moyenne des erreurs augmentent progressivement entre 9h et 11h.

- le pourcentage d'enfants qui commettent au moins une erreur et la fréquence des erreurs sont encore plus élevés â 14h qu'à 11h, mais diminuent à 16h. Les valeurs maximales observées à 14h pourraient être en relation avec l'absence d'un « temps de sieste » au début de l'après-midi.
La moyenne section a donc des caractéristiques de grande section pour les oublis et de petite section pour les erreurs (voir ci-dessous).
c). En petite section (les enfants sont âgés de 2 ans et demi à 4 ans), on observe une évolution journalière inverse de celle des enfants de grande section. En effet, le pourcentage d'enfants qui commettent au moins un «oubli» ou une erreur augmente entre 9h et 11h. Il est plus faible au début de l'après-midi qu'à 11h et continue de diminuer à 16h. C'est aussi ce qu'on observe pour la fréquence moyenne des «oublis» et erreurs. Les données recueillies le matin sont corrélées à un ensemble d'indicateurs comportementaux de non-vigilance, de fatigue et d'insécurité affective. En effet, on observe de 10h30 à 11 h une augmentation de la fréquence des bâillements, affalements, étirements, pleurs sans raison apparente, refus de l'activité ou de la tâche proposée, évitements de l'interaction, comportements autocentrés, agressions «hors de propos»... , et du pourcentage d'enfants qui développent ces comportements. La diminution observée au cours de l'après-midi pour la fréquence des « oublis » et erreurs, et le pourcentage des enfants qui en commettent, coïncide avec l'aménagement d'un temps de sieste à partir de 13h30.
Dans toutes les classes de l'échantillon (selon les classes, de 60 à 80% des enfants s'endorment) ; les tests sont organisés à 14h30, et non 14h, lorsque de 80 à 90% des enfants se sont réveillés. Par conséquent, par comparaison avec la moyenne section, et encore plus nettement la grande section, la même organisation temporelle de la matinée (3 heures de «contraintes scolaires» de 8h30 à 11h30) se traduit chez les enfants de la petite section par une non-vigilance croissante (donc moins d'attention, de réceptivité et de disponibilité) et une diminution de l'efficience dans le traitement de l'information de 9h à 11h. En revanche, la possibilité et la réalité d'une sieste au début de l'après-midi entraînent ensuite plus de vigilance et d'efficience dans le traitement de l'information.
d). Le pourcentage des enfants qui commettent au moins un «oubli» ou une erreur, ainsi que la fréquence moyenne des «oublis» et erreurs sont, à tous les moments de la journée, beaucoup plus élevés dans les petites sections des Zones d'éducation Prioritaire que dans celles des écoles « ordinaires ».
Parallèlement, le pourcentage des enfants qui ne commettent ni oubli ni erreur est beaucoup plus faible dans les petites sections de Z.E.P. (les différences sont hautement significatives : les tests statistiques donnent des seuils de significativité qui varient selon les tests de .01 à .000e-01).
e). Les différences entre les moyennes sections des deux groupes d'écoles sont moindres. Elles diminuent encore entre les grandes sections. Autrement dit, les différences se réduisent avec l'âge et les années passées à l'école maternelle.
Les processus de développement, les acquisitions et apprentissages et l'efficacité éducative et pédagogique des enseignants pourraient expliquer ce «rattrapage». Cependant, les différences entre les classes des écoles «ordinaires» et les classes «homologues» des Zones d'Education Prioritaire varient avec la difficulté de la tâche. Elles sont faibles pour les tâches simples (tests avec îles signes iconiques orientés selon un même axe horizontal : par exemple des flèches). Mais, elles restent élevées pour les tâches complexes (tests avec des signes iconiques orientés selon des axes opposés, et tests avec des syllabes). En outre, si l'évolution temporelle des «oublis» et erreurs au cours de la journée scolaire est le plus souvent conforme au modèle établi dans les moyennes et grandes sections des écoles «ordinaires», elle est plus variable et atypique dans les classes «homologues» des écoles de Z.E.P.
On ne peut donc organiser selon un modèle unique le temps scolaire au cours de la journée dans les différentes sections de l'école maternelle. En outre, on ne peut évaluer de la même façon la vigilance, l'attention et le traitement de l'information dans les différents types de tâches, et selon que l'on considère les enfants des écoles «ordinaires» ou ceux des écoles situées dans des secteurs de vie où les familles ont une forte pro¬babilité de cumuler les difficultés matérielles, morales et sociales (Zones d'éducation Prioritaire).
2. Les espaces-temps dans les structures d'accueil et d'éducation
Si on se fonde sur les données de la recherche et les constats de la clinique, deux types d'aménagement paraissent nécessaires :
A. Les lieux d'accueil de l'enfant et de ses parents (les lieux intermédiaires)
Une fonction essentielle des structures qui reçoivent les enfants de tous âges est de créer les conditions d'un accueil sécurisé et sécurisant pour l'enfant et ses parents. En premier lieu, et bien évidemment, elles ne doivent en aucun cas être dommageables pour leur intégrité physique et biologique. Elles doivent aussi assurer à chacun une réelle sécurité affective, c'est-à-dire une ambiance, des personnes apaisantes, des aménagements d'espace et des mobiliers qui lui permettent de «déminer», en tout cas relativiser et de dépasser, l'anxiété, l'inquiétude, l'angoisse, les phobies et les peurs qui le «minent».
Rassurés, les différents enfants peuvent s'ouvrir vers l'environnement, se déculpabiliser, prendre ou reprendre confiance en eux. Sans sécurité affective, ils ne peuvent s'ajuster à l'environnement, réguler leurs émotions et affects, construire ou reconstruire leurs comportements sociaux et systèmes relationnels, et mobiliser leurs ressources cognitives. Ce qui se traduit par des comportements autocentrés, évitements, fuites, bouffées d'hyperactivité, pleurs sans raison apparente, enchaînements d'agressions-destructions et/ou comportements étranges. Ces conduites sont particulièrement marquées et fréquentes au cours de la première heure de la matinée scolaire. L'insécurité affective apparaît surtout en relation avec le vécu dans le milieu familial, que l'enfant soit directement impliqué (maltraitance, attachement « insecure »…), ou u'il soit immergé dans »des bains anxiogènes» induits par les souffrances parentales (maladie, chômage, conditions de travail, mal-être persistant, conflits entre la mère et le père...).
Il faut donc que les parents puissent être également sécurisés, rassurés et déculpabilisés lorsqu'ils confient leur enfant à une structure d'éducation, en particulier l'école.
L'aménagement de «lieux intermédiaires» entre l'amont (le milieu familial, l'environnement urbain) et l'aval (les lieux pédagogiques), permet aux différents enfants, notamment à leur arrivée à l'école, de s'apaiser et de dépasser leurs peurs et inquiétudes, leur anxiété ou angoisse. Il est aussi conçu pour que, au début de chaque matinée scolaire et avant le premier temps pédagogique, chacun puisse avoir le temps de s'activer cérébralement et corporellement, de développer une vigilance et une attention suffisantes pour être réceptif et disponible, et mobiliser ses capacités de traitement de l'information. C'est en même temps des relations apaisées qui peuvent s'installer entre les différents « acteurs » de l'école (enfants-élèves, enseignants, éducateurs, parents).

B. Les lieux de construction des compétences et savoirs
Après un temps de vie personnalisé (ou temps-sujet) dans des lieux intermédiaires, les enfants élèves peuvent «libérer» plus complètement leurs compétences et en acquérir de nouvelles, en tout cas dans le cadre de stratégies qui lient la relation, le temps et l'espace. En effet, dans une organisation temporelle et spatiale qui alterne les temps d'apprentissage scolaire, les temps de découverte et (l'expression « plurielle » dans des lieux diversifiés et les temps de détente, les enfants-élèves se montrent sans limite, quelles que soient leurs limites apparentes ou supposées.
Ceux qui sont dits en échec scolaire surprennent par leurs capacités d'adaptation et de création. les possibilités qui leur sont offertes de vivre des interactions sociales avec différents partenaires, leur permettent de rendre lisibles des capacités de communication insoupçonnées, surtout s'ils ont une étiquette d'enfants autocentrés, craintifs, évitants, hyperactifs, étranges, agresseurs ou destructeurs.
L'aménagement pluriel des espaces donne aux enseignants la possibilité de combiner «les temps ordinaires de classe» dont la finalité est la transmission du savoir et des connaissances, les temps d'acquisition et de consolidation de processus cognitifs autres que ceux des apprentissages scolaires, et les temps personnels ;
Un tel aménagement permet aux parents et familles d'apporter leurs compétences et contributions à l'ensemble des enfants-élèves et au fonctionnement de l'école, sans interférer avec la pédagogie des professeurs. En outre, des lieux de concertation, médiation, projet, création ... donnent à l'école un cadre de liberté pour des relations plus ouvertes et confiantes;
Enfin, les interventions extérieures sont facilitées par l'aménagement de lieux où les compétences et pratiques peuvent être optimisées, qu'il s'agisse de psychomotriciens, rééducateurs, professeurs de sport, psychologues, peintres, musiciens, informaticiens, artisans... (pour des informations sur des réalisations concrètes, voir Montagner, 1996, 1998, 2002).
En conclusion, les structures d'éducation et d'enseignement, et aussi les structures de soins et de loisirs pour enfants, pré-adolescents et adolescents ne peuvent être simplement conçues et réalisées à partir des seules finalités institutionnelles, et des objectifs qui en découlent, ni à partir des seuls intérêts dominants, ni dans l'enfermement d'un à priori idéologique. Elles ne peuvent davantage être enfermées dans une organisation du temps et une architecture ignorantes des réalités qui organisent le développement et les conduites des enfants-élèves. Elles doivent être aussi des lieux dont les bains de relations et les espaces-temps permettent à tous de libérer toute la gamme de leurs compétences, et de les rendre fonctionnelles dans des situations et contextes variés, tout en acquérant de nouvelles compétences.
C'est alors que les enfants, pré-adolescents et adolescents peuvent réguler leurs émotions et affects, organiser leurs conduites sociales et processus de socialisation, apprendre les mécanismes qui fondent les acquisitions et apprentissages.
Les discours sur «l'échec scolaire» et «la violence à l'école» (et ailleurs) ne peuvent avoir de sens que s'ils sont conceptualisés à partir de cette «évidence» nourrie par la recherche fondamentale, les observations cliniques et les innovations pédagogiques, dès lors qu'on place l'enfant-élève au coeur de l'innovation.
Pour prolonger la réflexion :
Une expertise collective de l’INSERM d’avril 2001 « Rythmes de l'enfant ; de l'horloge biologique aux rythmes scolaires » dont un résumé est accessible en ligne.
Le rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale de mai 2002 sur «L'organisation du temps scolaire dans le premier degré : les effets de la semaine de quatre jours».

Eduquer ensemble - Le Conseil Scientifique de la FCPE

16/01/2009

Quelles sont les conséquences des réformes de l’éducation nationale pour nos enfants ?

1▪ La suppression des samedis

Supprimer les samedis semblait être une bonne idée ?
Matinée en famille - week-end en déplacement - activités diverses - parents séparés.

Mais les conséquences sont nombreuses :

En supprimant les samedis, ce sont toutes les recherches sur les rythmes biologiques et psychologiques des enfants qui sont négligées… dans l’intérêt des seuls adultes ?

En supprimant les samedis, ce sont trois semaines d’enseignement qui disparaissent et doivent être rattrapées par les professeurs. De plus les programmes ont été alourdis en cette rentrée 2009.

Les sorties et activités sur le temps scolaire de nos enfants sont réduites…

En supprimant les samedis, toutes les activités exceptionnelles et de présentation du travail des enfants en présence des parents sont menacées
Plus de carnaval, plus de cross, plus de chorale de Noël … le samedi…alors que nous étions nombreux à y assister.

En supprimant les samedis, on a réduit les échanges entre parents qui se retrouvaient à la sortie des classes et entre parents et professeurs.

Nous sommes nombreux à travailler et le lien avec l’école s’amenuise…

En supprimant les samedis, on a instauré les heures de soutien ; les enseignants compensent ainsi les heures supprimées le samedi.

Mais ces heures de soutien ont aussi leurs conséquences…


2▪ L’instauration des heures de soutien

Les 2 heures de soutien hebdomadaires sont réparties aux heures des repas les lundis, mardis et jeudi, à raison de 40 minutes par séance.

L’équipe enseignante de l’école Saint-Exupéry – Beauregard a bien organisé ce temps de soutien pour les élèves, comparativement à d’autres écoles du secteur.

La manière dont a été mis en place ce soutien a permis qu’il ne soit stigmatisant ni pour les enfants ni pour les parents.

Mais les conséquences ne sont pas négligeables :

les rythmes de vie des enfants (6 heures de temps scolaire un record, dépression de la vigilance à l’heure du déjeuner…) ne sont pas assez pris en compte avec des journées qui pour certains d’entre eux débutent à 7h00 du matin et se terminent à 19h00.

La pause déjeuner est raccourcie et les temps d’attention demandés aux enfants pour l’enseignement sont allongés…

Le travail de coordination de l’équipe enseignante se trouve très réduit par l’ensemble de ces facteurs (soutien, samedis, programmes chargés).

Un des seuls moments de rencontre pour eux se trouve être le temps du déjeuner le vendredi.

La FCPE a demandé un bilan et une analyse qualitative de ce soutien aux ils seront présentés lors d’un prochain Conseil d’école.


3▪ La suppression des Réseaux d’aide spécialisée aux enfants en difficultés (RASED)


Le RASED comporte en principe, au minimum, un maître E spécialisé dans l’aide à dominante pédagogique (difficultés d’apprentissage), un maître G spécialisé dans l’aide à dominante rééducative (difficultés d’adaptation à l’Ecole) et un psychologue scolaire.
Les enseignants du RASED sont là pour apporter, pendant le temps de classe, une aide spécialisée aux élèves présentant des difficultés.

Leurs interventions permettent aussi de croiser les regards sur les enfants ; ce qui est essentiel. Cet « autre point de vue » permet de réconforter les enfants, de leur redonner confiance en eux et en leurs capacités. Il permet aussi de soutenir, et parfois de modifier, l’action d’un enseignant auprès de son élève.

La réforme prévoit actuellement la suppression de 1500 postes de RASED par an, soit des enseignants des RASED et ce sur 3 ans (1500 postes ont déjà été sauvés grâce à la mobilisation de tous, enseignants, parents…)
C’est la mort programmée des RASED !
Or le travail du RASED est déjà actuellement extrêmement chargé (pour Yerres : 3 maîtres E, 2 maîtres G et 1 psychologue).

Nos enfants sont tous susceptibles d’avoir besoin, un jour, de ces enseignants spécialement formés et qui peuvent les aider au cours de leur scolarité.

C’est la prévention des difficultés auprès de nos enfants qui disparaît ainsi, petit à petit…

« Les parents d’élèves de la FCPE souhaitent vous sensibiliser sur le fait que les réformes ne doivent pas se faire uniquement sur des considérations budgétaires, mais que l’intérêt des enfants et les conditions de travail des enseignants doivent être considérés fortement. »


Conseil local Saint-Exupéry

09/02/2008

Samedi matin libéré : la FCPE demande le report des heures de classe

La FCPE exige le maintien des 936 heures pour tous avec des rythmes respectueux des enfants et un soutien scolaire adapté aux difficultés des enfants.

La FCPE attend toujours de connaître les modalités de mise en œuvre pour les élèves de l’annonce ministérielle sur la suppression de la classe le samedi matin dans le premier degré. Elle réaffirme son opposition à une diminution du nombre d’heures annuelles de classe pour les élèves. Selon le ministre, la suppression du samedi matin à l’école sera compensée par la répartition des deux heures correspondantes sur le reste de la semaine pour aider les élèves en grande difficulté. La FCPE exige le maintien des 936 heures pour tous avec des rythmes respectueux des enfants et un soutien scolaire adapté aux difficultés des enfants.

Ce dont les enfants ont besoin, ce n’est pas de moins d’Ecole mais de mieux d’Ecole !
A ce jour d’ailleurs, les textes imposent toujours que les élèves du primaire bénéficient de 936 heures annuelles, puisque le ministre n’a pas présenté au CSE (Conseil supérieur de l’éducation) d’arrêté visant à remettre en question cette disposition…
Récemment, le ministre est intervenu à la télévision pour annoncer que des stages de rattrapage seront mis en place pendant les vacances scolaires - et ce, dès les vacances de printemps 2008. Mais cela ne rentre vraisemblablement pas dans le cadre du report des 2 heures supprimées le samedi matin… Pourquoi toujours chercher hors de l’Ecole ce que l’Ecole devrait faire ? L’Ecole doit être son propre recours.

La FCPE rappelle au passage que les vacances scolaires permettent aux enfants de se reposer : faut-il priver de repos ceux qui peinent à l’Ecole ?

Et pendant que le ministre annonce des solutions de type « usine à gaz » pour « sauver » les élèves en difficulté, son ministère œuvre - mais sans médiatisation cette fois- à la disparition des RASED (Réseaux d’aide et de soutien aux élèves en difficulté) en supprimant des postes et les possibilités de formation des maîtres spécialisés… Ce qui permet de réduire encore la dépense intérieure d’éducation comme depuis 10 ans !

La FCPE exige que les structures qui existent pour aider ces enfants sur le temps scolaire soient dotées de personnels formés convenablement et en nombre suffisant. Ainsi, la prise en charge sera rapide et adaptée. C’est de cette rapidité d’intervention que dépend largement son efficacité.

Entre tout ce flou et le report des mesures de carte scolaire après les élections municipales, nul ne sait ce 6 février ce que sera la rentrée du 2 septembre à l’école primaire. Que d'annonces ! Que d'incertitudes ! Que d'impréparation


PS La suppression de l'école le samdei continue de faire débat. A Yerres , notre petit sondage en ligne - qui vait ce qu'il vaut- 40 % des votants sont favorables, 51 % s'y opposent

27/09/2007

Suppression du samedi matin

Pour qui et pour faire quoi ? Par François Testu :

Suppression du samedi matin : pour qui et pour faire quoi ?

Par François Testu
le 27 septembre 2007.

Une fois de plus, la question de l’aménagement du temps scolaire est appréhendée par le petit bout de la lorgnette. Pourquoi s’intéresser d’abord au réaménagement de la semaine alors que les rythmes psychologiques et biologiques de l’enfant ont principalement été mis en évidence au cours de la journée et de la semaine ? Si ce n’est pour satisfaire prioritairement les besoins de l’adulte ?

Certes, en matière d’emplois du temps scolaire, il n’existe pas de solution idéale, il s’agit seulement de trouver le moins mauvais des compromis entre la satisfaction des intérêts des élèves et la réponse aux besoins des adultes. Mais ce compromis ne peut être recherché qu’en associant tous les partenaires concernés par l’éducation des jeunes : enseignants, parents, scientifiques, responsables du mouvement associatif, décideurs institutionnels, et non en louvoyant politiquement. Si la concertation est obligatoire, elle ne sera cependant pas suffisante. Encore faut-il connaître ce que sont les rythmes de vie des enfants et des adultes.
S’il est réellement question de proposer des emplois du temps, des calendriers scolaires adaptés biologiquement et psychologiquement aux jeunes, trois principaux rythmes doivent être respectés et une erreur évitée.


Trois rythmes à respecter en priorité

Le sommeil

De la durée du sommeil nocturne et diurne, de sa qualité, dépendent l’adaptation des comportements à la situation scolaire et, par voie de conséquence, le niveau de vigilance et de performances intellectuelles. Sa durée varie selon les enfants et selon leur âge, selon leurs lieux de vie.

Les variations journalières de la vigilance et de l’activité intellectuelle

Les travaux de chronopsychologie menés en milieu scolaire nous permettent de considérer que les variations journalières de la vigilance et des performances intellectuelles constituent la rythmicité psychologique centrale et qu’elles se manifestent tant au plan quantitatif qu’au plan qualitatif. En effet, non seulement les scores bruts aux tests, mais également les stratégies de traitement de l’information, fluctuent au cours de la journée. La fluctuation journalière que nous qualifions de « classique » est généralement la suivante : le niveau de vigilance et les performances psychotechniques progressent du début jusqu’à la fin de la matinée scolaire, s’abaissent après le déjeuner, puis progressent à nouveau au cours de l’après-midi scolaire.
De plus, il existerait indépendamment de l’origine géographique des enfants et des modes de vie scolaire, deux moments reconnus comme « difficiles » : les débuts de matinée et d’après-midi (creux post-prandial). Il est à noter que les moments reconnus comme difficiles au plan chronopsychologique sont les mêmes que ceux mis en évidence au plan chronobiologique. Cette rythmicité journalière a également été mise en évidence lorsque l’on observe systématiquement les comportements de non-éveil ou le degré d’activité de l’enfant en classe.

Il semble que nous puissions considérer la présence de cette variation journalière caractéristique comme le témoignage d’une adéquation entre les emplois du temps scolaires journaliers et hebdomadaires et les rythmes de vie des enfants.

En revanche, cet équilibre n’existe plus lorsque la vie scolaire ne comprend, comme cela est parfois le cas en France, que 4 jours sans accompagnement péri et extrascolaire : les lundi, mardi, jeudi et vendredi. Dans ce cas, la rythmicité journalière classique disparaît pour laisser place à une rythmicité inversée. L’inversion qui semblerait alors refléter un phénomène de désynchronisation, de perturbation, est accompagnée d’une baisse du niveau de performances.
Il est donc judicieux de se préoccuper en premier de l’aménagement de la journée.

Les périodes de faible résistance

Il est montré que les êtres humains sont plus vulnérables physiquement en hiver qu’en été. Si la période de fin février-début mars est plus particulièrement difficile à vivre pour tous, celle de la Toussaint est également à risques pour les enfants les plus jeunes qui vont à l’école depuis fin août-début septembre. Il faut donc tenir compte de cette seconde période difficile dans l’élaboration des calendriers scolaires annuels.
Par ailleurs, les évaluations des différents aménagements « expérimentaux » du temps scolaire français indiquent que :
  • Les variations journalières des performances intellectuelles sont plus présentes chez les élèves qui ne maîtrisent pas la tâche.
  • Les activités éducatives périscolaires et extrascolaires contribuent à l’épanouissement physique et psychique des jeunes.
  • La libération du temps n’est pas synonyme d’épanouissement.
  • La semaine dite de 4 jours doit être évitée.

Une erreur à éviter : la semaine dite de 4 jours

Les scientifiques spécialistes des rythmes biologiques et psychologiques ont montré que la semaine de 4 jours « secs » sans politique d’accompagnement péri et extrascolaire ne fait qu’accentuer et allonger les effets perturbateurs du week-end sur l’adaptation à la situation scolaire. Habituellement ressentis chez certains enfants le lundi, ils perdurent parfois jusqu’au mardi midi.
Il faut également savoir que, si le volume horaire d’enseignement hebdomadaire demeure le même, la répartition de l’enseignement sur 4 jours engendre soit un alourdissement de la journée scolaire, que nous considérons déjà comme beaucoup trop longue, notamment pour les tout-petits, soit une réduction des « petites vacances » et/ou un allongement du premier trimestre. Qui peut résister à un premier trimestre débutant en France fin août et représentant 45 % du temps scolaire annuel, coupé à la Toussaint jusqu’à cette année, par une seule petite semaine de congé, insuffisante pour la récupération ? Pour que l’enfant se sente vraiment en vacances et en profite pleinement, il faut environ une semaine. C’est seulement après cette période de transition qu’il oublie le réveil provoqué, l’Ecole, les soucis quotidiens, le stress environnemental et qu’il se réveille plus tard, dort mieux, se repose et se détend.

De plus, toujours à propos de la semaine de 4 jours, accorder une demi-journée supplémentaire de congé n’est pas profitable à tous les enfants. La libération du temps n’est pas forcément synonyme d’épanouissement, d’éveil et d’intégration. Au contraire ! Elle peut accentuer les différences. Certains profitent pleinement de la libération du temps parce que le milieu culturel environnant le permet. D’autres, faute d’encadrement familial, faute d’une politique socioculturelle accessible à tous, subissent le temps libéré. L’école républicaine ne peut être inégalitaire, ni à deux vitesses. Enfin et surtout, nous avons montré que l’application de la semaine de 4 jours « secs » non seulement génère une inversion de la rythmicité journalière classique, signe de désynchronisation observé chez certains enfants le lundi, mais en plus elle est accompagnée d’une baisse du niveau de performance.

Par ailleurs, les recherches en chronobiologie et chronopsychologie ont également permis de constater que ce sont principalement les élèves confrontés aux difficultés scolaires, ne maîtrisant pas la tâche, qui présentent les fluctuations les plus marquées. L’aménagement du temps peut alors constituer l’un des moyens de lutte contre l’échec scolaire. Fort heureusement, les élèves en situation d’échec scolaire sont minoritaires, mais évitons d’opter pour des emplois du temps, des calendriers scolaires, qui les rendraient majoritaires !

Aussi les nouveaux aménagements concerneront principalement ces élèves et ils devront :

Respecter les jours et les heures de meilleures performances

Si nous voulons que l’élève développe une activité intellectuelle et physique performante, les heures et les jours de « meilleur rendement » doivent être préservés judicieusement. Il faut donc savoir que le lundi et le samedi, jours de faibles performances, doivent être réservés à des activités sollicitant les efforts intellectuels et physiques les moins soutenus. Aujourd’hui se pose la question de l’opportunité de reporter au mercredi matin la classe du samedi matin, dans la mesure où le niveau moyen de performance reste sensiblement le même quel que soit l’aménagement hebdomadaire. Seule une influence plus étendue du week-end a été notée chez certains enfants. Vendredi après-midi, lundi, mardi matin, ressentent les conséquences psychologiques.

On ne pourrait envisager ce transfert des enseignements du samedi matin au mercredi qu’avec des enfants qui ne seraient pas seuls le samedi et qui bénéficieraient, si la nécessité sociale l’exigeait, d’activités de loisirs éducatifs le samedi matin.

Au cours de la journée, les moments où apparaissent les creux : début de matinée et d’après-midi, doivent être reconnus et ne plus être occupés par des apprentissages nouveaux et poussés. Il n’est donc pas question de placer le sport là où il reste de la place, s’il en reste !

Tenir compte de l’âge

L’âge semble constituer un autre facteur dont il faut également tenir compte. Les profils journaliers évoluent avec l’âge. Chez les plus jeunes enfants, les performances restent faibles l’après-midi alors que l’inverse est observé chez les plus âgés. Pourquoi ne pas aménager la journée scolaire en conséquence ? Pourquoi les enfants de six ans et de onze ans ont-ils le même temps de présence à l’école ? Pourquoi ces horaires surchargés au collège, au lycée ? Présence ne signifie pas obligatoirement apprentissage ou épanouissement. Pourquoi ne pas aménager la semaine et la journée en tenant compte de l’âge ?

Mais la politique de réaménagement du temps scolaire français sera réussie non seulement en tenant compte des rythmes journaliers psychologiques et physiologiques, qui sont les plus présent, mais également en considérant comme prioritaire l’alternance de périodes scolaires de 7 semaines plus ou moins 1 avec des vacances de 2 semaines.


Respecter au plus près l’alternance 2 semaines de petites vacances scolaires et 7 semaines de classe, notamment au premier trimestre

Il a fallu attendre 2001 pour que l’on décide un allongement de la pause de la Toussaint, période de l’année où nous sommes les plus vulnérables physiquement et psychologiquement. Il faut dire qu’à cette période de l’année, la mer est froide, la neige absente et la campagne jaunissante ! Il est urgent de proposer un calendrier annuel équilibré, où les périodes de classe de 7 à 8 semaines alterneraient avec deux semaines de vacances. Cela implique que le premier et le troisième trimestres scolaires soient remaniés, quitte à réduire les grandes vacances. La régularité de cette alternance participerait au bon équilibre physique et psychique de l’enfant. 2 semaines de vacances sont nécessaires dans la mesure où, rappelons-le, il faut 1 semaine environ à l’enfant pour oublier le stress du travail lié au temps scolaire et 1 semaine pour être réellement en vacances.

Créer des structures et des activités complémentaires de l’Ecole

Des structures « sas » doivent pouvoir accueillir les élèves avant et après la classe, structures où les activités non scolaires seraient encadrées par des animateurs qui interviendraient également à la pause de midi. Ces structures et activités doivent être présentes non seulement les jours de classe, mais également au cours des congés et des vacances. Quel que soit l’aménagement du temps scolaire choisi, celui-ci doit obligatoirement être accompagné d’activités péri et extrascolaires.
Aussi, en fonction de toutes ces priorités, la disparition des enseignements du samedi pourrait être envisagée à trois conditions.

  1. En aucun cas cette disparition ne doit déboucher sur la semaine de 4 jours «sec ».
  2. Le transfert de la classe du samedi matin au mercredi matin impose que des activités culturelles et sportives complémentaires soient offertes aux enfants pendant la matinée libérée.
  3. La semaine de 4 jours et demi avec le samedi matin en classe, ne doit pas être jetée aux orties. Cet aménagement a fait ses preuves, et, « toiletté » (comme à Paris, par exemple), fera encore ses preuves.

Aménagement du temps scolaire

Présentation sommaire de propositions sur l’aménagement du temps scolaire à l’école primaire à partir des données de la chronobiologie et de la chronopsychologie

par Hubert Montagner
le 26 septembre 2007.

1. Pour le chronobiologiste ou le chronopsychologue, l’aménagement du temps scolaire (ce qu’on appelle “rythmes scolaires”) n’a de sens que s’il repose sur deux fondements :

  • il doit nécessairement s’enraciner dans l’alternance du jour et de la nuit (la photopériode, c’est-à-dire la durée du jour par rapport à la durée de la nuit, est un synchroniseur majeur des rythmes biologiques de l’Homme. C’est un facteur universel et donc “incontournable”) ;
  • il ne doit pas être à contretemps ou à contre-phase des rythmes biologiques de l’enfant-élève, quels que soient l’âge et aussi le lieu d’habitation, la catégorie sociale et la culture de la famille.
Les rythmes essentiels des humains sont circadiens (du latin circa - environ- et dies - une journée) : le temps fort et le temps faible de chaque rythme reviennent périodiquement toutes les 24 heures. Par exemple, la température corporelle passe tous les jours par un maximum entre 16h00 et 20h00 (voir plus loin), et par un minimum au milieu de la nuit (d’où la sensation de refroidissement que l’on a au “petit matin”). Ou encore, la sécrétion maximale de cortisol par les glandes surrénales qui coiffent les reins, est observée entre 06h00 et 08h00. Or, cette hormone intervient notamment dans la glycémie (elle contribue au maintien du taux de sucre dans le sang à un niveau constant, par exemple quand les réserves du foie en glycogène sont faibles... ce qui est souvent le cas chez les enfants “maigres” qui ne prennent pas de petit déjeuner le matin. Ce “processus” s’appelle la néoglycogénèse). Et aussi, dans la défense de l’organisme contre les agressions de l’environnement. Quand un enfant n’a pas de réserves suffisantes en glycogène dans le foie (c’est la “source” habituelle du sucre dans le sang) et quand il ne prend pas de petit déjeuner, il doit mobiliser le cortisol pour maintenir sa glycémie à un niveau constant. Le cortisol permet aussi de faire face aux agressions subies dans la journée, notamment à la maison avant d’aller à l’école, pendant le trajet du domicile familial à l’école, en classe et dans la cour de récréation. Mais, certains enfants, en particulier ceux qui n’ont pas de réserves suffisantes de glycogène, ne peuvent mobiliser suffisamment de cortisol (dont le maximum de sécrétion a eu lieu 2 à 3 heures plus tôt) pour faire face à ces deux réalités et besoins, surtout s’il n’a pas de ressources psychologiques pour se défendre (enfants “insecures”). Il ne faut donc pas s’étonner s’ils présentent ce qu’on appelle parfois “le coup de pompe de 11 heures” (qui n’est pas dû à une hypoglycémie, mais à des moyens de défense difficiles à mobiliser en même temps qu’un maintien de la glycémie à un niveau constant). C’est évident chez les enfants-élèves du cours préparatoire (voir plus loin).

Cependant, il y a aussi des rythmes rapides (ou ultradiens). Par exemple, le rythme cardiaque (en moyenne 70 battements par minute), le rythme respiratoire ou encore les fluctuations de la vigilance au cours de la journée (voir plus loin). On observe enfin des rythmes lents (ou infradiens) dont la période est d’environ une semaine, un mois (cycle ovarien), une année ou plusieurs années.

2. Cependant, s’agissant de l’enfant, on ne connaît aucune rythmicité dont la période soit d’une semaine ou d’environ une semaine. La communauté scientifique et médicale ne comprend donc pas que les promoteurs de la semaine scolaire dite de 4 jours (qui se réfugient derrière l’intérêt des enfants... et des familles : voir plus loin) aient voulu changer d’abord la semaine... sans aucun argument scientifique (ni d’ailleurs sociologique ou autre : voir plus loin). En outre, la “semaine scolaire de 4 jours” n’est pas un modèle de rationalité sociale. En effet, contrairement aux semaines de vie sociale, professionnelles, économiques... qui comprennent 4, 5, 6 ou 7 jours consécutifs, elle est une succession de deux fois deux jours séparés par une journée de vacances (le mercredi), et des deux jours non travaillés du week-end. Cette “innovation” ne contribue pas à donner une image rationnelle et cohérente de la France. Les étrangers ne comprennent pas cette semaine scolaire... qui n’en est pas une (si la plupart des Européens tiennent beaucoup à un week-end non travaillé, leur semaine scolaire comprend logiquement 5 jours consécutifs). Nous avons quelque difficulté à leur expliquer que la “vacance scolaire” du mercredi est le résultat d’un accord entre l’Etat et l’église catholique pour que ce jour soit consacré à la catéchèse... alors que, dans notre Constitution, il y a séparation des Eglises et de l’Etat. En outre, si des mères ou des familles (mère, père, grands-parents...) peuvent s’organiser pour faire avec leurs enfants les “courses” du mercredi, jour non scolaire, ou pour les conduire dans des lieux de pratique sportive ou culturelle (on ne peut évidemment qu’approuver une telle disponibilité), d’autres (la majorité) travaillent ce jour-là et ne peuvent donc le consacrer à leurs enfants. En outre, ils ne vivent pas forcément dans une ville ou une commune rurale qui ont les moyens et la logistique pour organiser le mercredi un accueil des enfants de tous âges.

3. Les études scientifiques et l’intérêt supérieur des enfants et de leur famille (quelles que soit la catégorie sociale, la culture et les origines ethniques), conduisent donc la communauté scientifique et médicale à proposer un aménagement du temps scolaire qui repose d’abord sur des modifications de la journée scolaire du lundi au vendredi inclus (pour le samedi, voir plus loin), c’est-à-dire sur la prise en compte des rythmes circadiens des enfants-élèves.

4. Sachant que la journée scolaire en France est la plus longue du monde avec la Belgique et l’Autriche (six heures de temps contraint et obligatoire), nous demandons avec force que sa durée soit réduite. En effet, aucun enfant-élève ne peut mobiliser ses capacités d’attention, ses capacités de traitement de l’information, ses capacités de mémorisation et ses ressources intellectuelles pendant 6 heures de temps contraint, c’est-à-dire, à l’école élémentaire, 5 heures à 5h.30 de temps pédagogique et 30 à 45 minutes de récréation (le moment de la récréation est aussi un temps contraint pour beaucoup d’enfants, notamment ceux qui redoutent les chocs, les chutes, les agressions, les rejets, les exclusions ... dans une cour non aménagée et aux dimensions insuffisantes pour l’ensemble des classes de l’école... sans compter les genoux couronnés par le ciment, le bitume, les graviers... : le plus souvent, la cour de récréation n’a pas changé depuis l’école de Jules FERRY). Toutes les observations montrent que, lorsque la matinée scolaire commence à 08h30 (situation la plus fréquente), l’attention et l’engagement scolaire de la grande majorité des enfants décrochent dès 15h00, ou plus tôt (selon les enfants, les jours...). Il est clair que, dans les écoles de ZEP (Zones d’Education Prioritaire), la plupart des enfants-élèves sont alors intellectuellement saturés (ils ne tiennent plus en place, se replient sur eux-mêmes, font ce qui est qualifié de “n’importe quoi”...). D’ailleurs, il est fréquent que, confrontés à cette réalité, les instituteurs-professeurs des écoles régulent : ils arrêtent la “pédagogie ordinaire” autour de 15h00 et proposent, quand ils peuvent, des arts plastiques, du chant choral, de la musique, des activités physiques et sportives ou plus simplement des temps de détente mentale.

Par conséquent, la durée du temps scolaire pendant lequel les enfants de l’école élémentaire peuvent mobiliser leur vigilance (état d’alerte du cerveau par rappport aux stimulations de l’environnement), leur attention globale et sélective, leurs capacités de traitement de l’information, leur “faim” (ou motivation) et leurs capacités pour comprendre et apprendre, est tout au plus de 4 heures trente (3 heures entre 08h30 et 11h30, et 1 heure trente entre 13h30 et 15h00). Par ailleurs, à mesure que le trimestre avance, la fréquence des visites parentales auprès des médecins augmente pour des motifs le plus souvent formulés comme de la fatigue scolaire (ils ressentent que la durée trop longue de la journée est une importante source de fatigue), des difficultés d’endormissement, des réveils nocturnes accompagnés de cauchemars (de terreurs chez les plus jeunes), des perturbations du comportement (inattention “chronique”, instabilité improprement qualifiée d’hyperactivité, agressivité et activité destructrice hors de propos, replis sur soi, évitements, fuites, conduites étranges). Il est fréquent que les parents demandent des béquilles chimiques au médecin, en raison de leur difficulté ou impossibilité à supporter ces phénomènes... qui perturbent toute la famille. Faut-il alors s’étonner que les Français soient les plus grands consommateurs au monde de somnifères, de psychotrophes... dès lors qu’ils sont déjà chimiquement “matraqués” pendant l’enfance ? Peut-on nier le poids de ces phénomènes sur la situation de la sécurité sociale et sur l’activité économique ? En outre, qu’en est-il de l’évolution au cours du trimestre des enfants-élèves dont les parents ne font pas la démarche de consulter un médecin pour “fatigue scolaire”, trouble(s) du sommeil, trouble(s) du comportement ? Pourquoi ne recherche-t-on pas de corrélations entre ces phén0mènes et les performances scolaires tout au long du trimestre et d’un trimestre à l’autre ? Quelle est la signification des différentes évaluations selon qu’elles sont effectuées à 09h00, 10h00, 14h00, 15h00... au début, au milieu ou à la fin du trimestre ?

La journée scolaire est également trop longue au collège et au lycée. Il y a deux ans, une enquête de l’OCDE a d’ailleurs montré que les jeunes se détachent de plus en plus de leur établissement scolaire pour deux raisons majeures : la durée trop longue de la journée scolaire et le stress.

De toute évidence, il faut donc d’abord diminuer la durée de la journée scolaire. Mais on ne peut procéder de la même façon aux différents âges. On ne peut en effet imposer la même journée scolaire aux enfants âgés de deux ans et demi à quatre ans (petite section de l’école maternelle) et aux enfants de dix à onze ans (cours moyen deuxième année). Ce qui devrait compter, c’est la réceptivité et al disponibilité des enfants-élèves pour comprendre et apprendre, et non la quantité de temps passé en situation d’apprentissage.

Que dire alors des journées scolaires prolongées par les devoirs à la maison et les cours particuliers ? C’est un leurre de croire qu’ils puissent vraiment améliorer la motivation et les performances des enfants peu ou prou en difficulté scolaire. Un enfant-élève fatigué à l’issue de la journée scolaire peut-il être vraiment attentif, réceptif, disponible, performant ? Quand le Ministère de l’Education Nationale fera-t’il respecter ses propres circulaires qui interdisent les devoirs à la maison, alors que, pour leur réputation de bon maître (qui fait travailler les élèves), et sous la pression de parents “lobbyistes”, beaucoup d’enseignants continuent d’imposer un important travail à la maison ? Quelles en sont les conséquences sur la santé des enfants-élèves (vulnérabilité au stress et aux autres agressions, “hyperactivité”, état dépressif, anorexie ou boulimie, fuite dans la consommation de drogue...), sur leur motivation, sur leur équilibre émotionnel et affectif, sur les relations au sein de la famille ?

5. On sait qu’à l’école élémentaire, les moments de plus grande vigilance, de plus grande attention et de meilleures performances se situent le matin entre 09h00 ou 09h30 selon les enfants et les jours, et 11h30 ou 12h00 selon les enfants et les jours (sauf chez les enfants du cours préparatoire : le moment de 11h00 à 11h30 est un moment de faible réceptivité et de faible disponibilité : voir les publications scientifiques). L’après-midi, ces moments sont observés entre 14h00, plus souvent 14h30, et 16h00, 16h30 ou même 17h00 selon les enfants et selon les jours. La logique serait donc de faire coïncider ces moments biologiquement et psychologiquement favorables et les temps pédagogiques les plus exigeants au plan de la mobilisation des ressources intellectuelles pour comprendre et apprendre les informations, messages et explications du maître. Ceci dans le cadre d’une journée scolaire réduite. A l’école maternelle, les moments de vigilance et de meilleures performances sont encore plus réduits, surtout chez les enfants accuellis dans les écoles de ZEP.

6. Il est souhaitable de neutraliser le temps pédagogique proprement dit de 08h30 à 09h00, ou même 09h15-09h30 certains jours. En effet, les études montrent clairement qu’au début de la matinée scolaire, il faut aux enfants un temps personnel (ou temps-sujet) pour finir de se “réveiller” (pour redevenir vigilants et attentifs). Il peut être de 5, 10 ou 15 minutes chez les enfants rapidement vigilants après leur arrivée à l’école et leur entrée en classe. Mais, le plus souvent, il est chez la plupart beaucoup plus élevé (parfois une heure ou davantage). Il est évident (ceci est facile à observer et à démontrer) que les enfants qui bâillent, s’affalent sur leur bureau, s’étirent, ont le regard fixe ou dans le vague, ne répondent pas aux stimulations extérieures et en particulier au maître, ne peuvent mobiliser aussi rapidement et efficacement leur attention, leurs capacités de traitement de l’information et leurs capacités d’apprentissage que les élèves d’emblée vigilants et attentifs. C’est ce qu’on observe de façon caricaturale chez les enfants qui manquent de sommeil et qui ont des troubles du rythme veille-sommeil, et aussi chez les enfants qui vivent au quotidien dans l’insécurité affective (le plus souvent, ils cumulent aussi les déficits de sommeil), c’est-à-dire ceux qui sont maltraités ou témoins d’une maltraitance, ceux qui ont peur de mal faire (anxiété de performance) et/ ou ceux dont la famille est en difficulté (parent(s) malade(s) ou qui se croient malades, parents en conflit, parent(s) au chômage ou vivant dans l’angoisse par crainte du chômage, etc.). Il faut ajouter les enfants qui ne sont pas acceptés par leurs pairs et ceux qui se sentent mal aimés ou maltraités par l’école. On observe ordinairement les phénomènes précédents pendant toute la matinée du lundi, en particulier dans les écoles organisées selon la “semaine de 4 jours” (voir plus loin). Cependant, on constate que, lorsque les stratégies d’accueil à l’école sont conçues pour apaiser, rassurer et sécuriser les enfants entre 08h00 ou 08h30 et 09h00 (09h15) (tous les enfants), et pour leur permettre de “se réveiller à leur rythme”, les plus insécurisés et les plus grands déficitaires en sommeil peuvent être ensuite aussi vigilants, attentifs, réceptifs et disponibles que les autres lorsqu’ils abordent en classe les leçons et activités préparées par le maître. Pour que cela soit possible, il faut aménager les espaces pour que les plus “en manque de sommeil” et les plus insécurisés puissent s’isoler, passer un moment à l’écart des autres, se rassurer en se rendant dans un lieu 0ù ils peuvent écrire, dessiner, peindre, jouer avec des objets, se défouler en tapant dans un ballon, en escaladant, en déambulant avec les copains-copines, etc.

7. Il faut en profiter pour que le temps de restauration de la mi-journée soit non seulement un temps de reconstitution alimentaire et donc physiologique, mais aussi un temps de respiration, d’apaisement, de détente et de convivialité (et non un temps de bruit insupportable à cause des mobiliers et des matériaux, et un temps de conflits générés par les contraintes de l’environnement). Le début de l’après-midi devrait aussi être neutralisé au plan pédagogique puisque la vigilance et l’attention sont alors faiblement développées. On pourrait en profiter pour organiser des sorties de l’école et permettre aux enfants de bien découvrir telle ou telle particularité de leur environnement écologique et social (paysage, biotopes, lieux de vie des animaux, ateliers d’arts plastiques, clubs sportifs, échoppes d’artisans, Entreprises, centres de loisirs...). C’est-à-dire leur donner une dimension de citoyen.

8. Le temps de 16h00 à 20h00 se prête bien aux activités physiques et sportives. La température corporelle est alors maximale, le métabolisme est élevé, la force musculaire et les coordinations sensori-motrices sont optimales. Pourquoi ne pourrait-on organiser alors des liens particuliers entre l’école, les familles et les lieux où ces pratiques sont possibles ?

9. On pourrait alors avoir des vraies semaines scolaires de 5 jours avec des journées allégées, moins stressantes et mieux structurantes. Du cours préparatoire au cours moyen deuxième année, les enfants-élèves seraient en classe pendant 3 heures à 4heures 30, selon leur âge, le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi, et pendant 2h.30 à 3 heures le mercredi matin. Les autres temps sous la responsabilité de l’école (première heure et fin de la matinée, temps de restauration de la mi-journée, début et temps post-scolaire de l’après-midi) seraient organisés soit dans des lieux aménagés (voir plus haut) soit en dehors de l’école. Le mercredi après-midi, l’enfant-élève serait accueilli dans des lieux spécialisés pour pratiquer des activités ludiques, sportives, culturelles... en compagnie d’éducateurs, d’aides-éducateurs... à l’initiative et sur proposition des mairies, des associations... En tout cas, lorsqu’il est laissé à lui-même, faute d’avoir la possibilité d’être en compagnie d’une personne au moins de la famille.

10. La semaine scolaire de 4 jours est une ineptie pour les raisons suivantes :

  • elle ne règle en rien la question majeure des journées scolaires trop longues, mal organisées et sources de stress. Au contraire ! En effet, les enseignants qui sont dans leur grande majorité des personnes consciencieuses et responsables, ont tendance à programmer leur enseignement sur la semaine. Ce que, bien évidemment, on ne saurait leur reprocher. Mais, la tendance est forte pour qu’ils programment en 4 jours ce qu’ils programmaient auparavant en 4 jours et demi lorsque le samedi matin était un temps scolaire. La tendance est forte pour qu’ils passent plus de temps à enseigner les disciplines dites fondamentales (lecture, écriture, grammaire, calcul, mathématiques...) qu’à proposer d’autres champs (musique, arts plastiques, activités physiques et sportives...) et plus simplement des moments de détente (quels adultes accepteraient d’avoir tous les jours un temps contraint de 6 heures sans avoir une possibilité de dérivatif, un moment de détente ?). D’ailleurs, dans les écoles “semaine de 4 jours”, il n’est pas rare que la journée scolaire soit prolongée de 10 ou 15 minutes, ou davantage, faute de temps pour terminer la leçon, l’exercice... surtout le vendredi, alors que les enfants-élèves cumulent les fatigues de la semaine. Ce qui augmente encore la durée de la pression pédagogique. Autrement dit, la journée scolaire est encore plus fatigante, voire épuisante, surtout pour les enfants qui sont en échec scolaire et/ ou pour ceux qui cumulent les difficultés précédemment rapportées. C’est évident dans les écoles de ZEP qui accueillent des enfants plus vulnérables que dans les autres secteurs. On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait aggraver les inégalités sociales et la “fracture sociale”.
  • il ne reste plus de temps utile pour que les parents rencontrent les enseignants et puissent prendre le temps de parler de leur enfant et de ses difficultés à comprendre et apprendre, mais aussi de celles qui sont associées à la vie familiale (séparation des parents, chômage ou santé dégradée de l’un des parents ou des deux, événements déstabilisateurs...). A la fin de la journée scolaire (16h30-17h00), les enseignants sont “légitimement” fatigués ou peu disponibles (ils ont aussi une vie de famille), et les parents ne peuvent pas forcément se libérer de leurs obligations. Ce qui n’était pas le cas pour beaucoup lorsque le samedi matin était un temps scolaire. Si la durée de la journée était diminuée du lundi au vendredi inclus, il serait possible que chaque école “institutionnalise” en conseil d’école un ou deux moments dans la semaine (début de la matinée, milieu de l’après-midi) pour que les parents puissent se libérer de façon prévisible en concertation avec leur employeur afin de rencontrer le ou les maîtres à l’un ou l’autre de ces moments.
  • la semaine de 4 jours entraîne une année scolaire tout-à-fait aberrante. En effet, pour répondre aux exigences du Ministère de l’Education Nationale (153 jours d’école dans l’année), il faut “rattraper” les heures du samedi matin désormais non scolaire. Il en résulte la programmation de matinées scolaires le mercredi ou même le samedi à tel ou tel moment de l’année scolaire (l’Académie de la Gironde est un exemple remarquable de ce “n’importe quoi” : il suffit de consulter le calendrier annuel de ces dernières années), et la réduction de la durée des petites vacances (elles durent 10 ou 12 jours et non plus deux semaines complètes coïncidant avec deux semaines civiles, nécessaires pour que les élèves et les enseignants eux-mêmes puissent bien se reposer des fatigues du trimestre). Une conséquence est l’absentéisme scolaire lorsqu’il y a un élève de l’école élémentaire et un élève du collège dans la même famille (le collège ne pratique pas la semaine de 4 jours) : les parents gardent leurs deux enfants avec eux en vacances, ou rentrent plus tôt, se privant et privant l’aîné de jours de repos et de détente. Plus généralement, des estimations citées par des personnels de l’Education Nationale font apparaître que l’absentéisme s’est aggravé pour atteindre en moyenne de 20 à 25% avant les vacances de février ou de la Toussaint. S’agissant de l’absentéisme, une autre forme est plus pernicieuse : il n’est pas rare que, le vendredi, dernier jour de la semaine de 4 jours, des élèves quittent la classe entre 15h.30 et 16h.30 pour rejoindre leurs parents qui les attendent à la sortie de l’école avec les skis, la planche à voile ou de surf ... sur le toit de la voiture, et partir ainsi en week-end jusqu’au dimanche soir ou jusqu’au lundi matin. Si ces précisions doivent être apportées, c’est notamment parce que nombre de promoteurs de la semaine de 4 jours ont mis en avant l’absentéisme du samedi matin pour justifier cette semaine. S’agissant de l’année, il est hautement souhaitable qu’elle soit organisée de façon régulière et stable : une innovation bienvenue serait une succession de 6 à 7 semaines de classe et de deux semaines de vacances qui coïncident avec des semaines civiles aux moments de plus grande vulnérabilité biologique ou psychologique. C’est d’ailleurs ce que propose la plus importante Fédération de parents d’élèves sous l’appellation 7-2 (la FCPE).
  • lorsque les enfants partent en week-end le vendredi soir ou tôt le samedi matin, ils rentrent plus fatigués et fatigables le lundi matin que les enfants restés à la maison. Même si les recherches manquent (au plan scientifique, il est difficile de réaliser des comparaisons dépourvues de biais méthodologique entre des écoles “semaines de 4 jours” et des écoles “semaines de 4 jours et demi”), les enfants “semaines de 4 jours” sont moins attentifs, plus endormis (lundi matin) et plus agités (lundi après-midi). N’importe qui peut le constater en se rendant plusieurs lundis dans une école “semaine de 4 jours” et, en alternance, dans une école “semaine de 4 jours et demi”. En outre, je ne connais aucune municipalité qui ait prévu le samedi matin un accueil des enfants dont les parents travaillent mais aussi des enfants dont la famille cumule tellement de difficultés personnelles, morales, sociales, ethniques... qu’elle ne peut faire vivre à ses enfants un temps de disponibilité, d’écoute et de tendresse au cours d’un samedi matin “libéré” des obligations scolaires. N’importe qui peut déambuler le samedi matin dans la banlieue des villes “semaines des 4 jours”, et constater que nombre d’enfants sont “déjà” dans la rue à 08h30-09h00.
  • lorsqu’on évoque les parents séparés, divorcés... et les familles recomposées pour justifier “la semaine de 4 jours”, on se moque du monde. Ce qu’il faut changer, c’est le stéréotype social et judiciaire d’une semaine scolaire à passer avec l’un des parents (le plus souvent la mère) et d’un week-end à passer avec l’autre parent (le plus souvent le père). Ceci est parfaitement arbitraire. En réalité, ce qui compte d’abord pour tous les enfants, c’est la sécurité affective, la confiance en soi et dans autrui qu’elle permet, la tendresse partagée et le sentiment d’être aimé lorsque l’enfant retrouve sa mère ou son père... et non la quantité de temps passé avec l’un ou l’autre. En outre, il est fréquent que, dans le cadre de la rivalité entre des parents séparés, “celui du week-end” empile les activités le samedi et le dimanche... pour montrer implicitement (ou explicitement) à l’enfant qu’il est “meilleur” que l’autre dans son rôle de parent. Le résultat est connu : le lundi, les enfants sont plus fatigués et fatigables, moins réceptifs et disponibles. Autrement dit, le lundi n’est pas un jour qui se prête bien aux acquisitions et apprentissages, notamment pour les enfants les plus vulnérables. Quand on sait que le vendredi est aussi un jour de plus grande fatigue (les fatigues de la semaine sont alors cumulées), on peut se demander ce que la semaine de 4 jours apporte aux élèves, alors qu’elle est limitée à deux jours vraiment utiles (mardi et jeudi). Où sont les finalités et les missions de l’école ?
  • Dans ce domaine, les enquêtes réalisées auprès des enfants-élèves n’ont pas de sens. Ne sachant pas vraiment ce que recouvrent les questions posées (combien d’enfants ont le sens du temps ?), beaucoup vont répondre ce qu’ils entendent à la maison. Ceux qui ont un discours maîtrisé et libéré vont exprimer clairement ce que les parents lobbyistes de la semaine des 4 jours n’arrêtent pas de tenir en soulignant les bienfaits du week-end libéré des obligations scolaires (ceux qui ont les moyens de partir en week-end). Ils vont entraîner les autres qui n’ont pas d’idée claire sur les questions posées, ou alors ces derniers vont répondre aux attentes du maître, ou encore produire des réponses floues, contradictoires... Sans compter les questions qui induisent des réponses conformes aux attentes des questionneurs.
11. On ne peut aménager le temps scolaire si on n’aménage pas aussi les espaces et si on ne met pas en oeuvre des stratégies d’accueil individualisé de l’enfant-élève et de sa famille, surtout dans les secteurs ZEP.

12. L’ensemble des aménagements du temps et des espaces ainsi que les stratégies d’accueil ne peuvent être bénéfiques aux enfants-élèves que dans le cadre d’une école considérée comme un écosystème, c’est-à-dire un lieu de vie centrée sur l’enfant et pas seulement sur l’élève, dans le cadre d’interactions entre les personnes concernées (les enfants eux-mêmes, les enseignants, le RASED, les parents, la famille, les autres éducateurs, les partenaires extérieurs). Le conseil d’école ne suffit pas. Conçu avec la prise en compte de l’âge, des différents types de difficultés de l’enfant-élève (handicaps sensoriels, moteurs, mentaux, linguistiques...) et de sa famille (parents eux-mêmes handicapés, séparés, immigrés...), des facteurs sociaux, culturels et ethniques, et de l’environnement écologique (facteurs saisonniers, climat...), “l’écosystème école” est organisé pour permette aux différents enfants-élèves de se réaliser dans leurs différentes dimensions (un être de sensorialité multimodale et de motricité maîtrisée ; un être curieux, explorateur et découvreur ; un être d’émotions et d’affects ; un être d’expression multiforme, d’interaction et de communication ; un être qui libère des processus cognitifs jusqu’alors cachés, masqués, illisibles ou inhibés ; un être créateur et inventeur ; un être d’imagination débridée...).

(Source Eduquer ensemble)