15/02/2012

CDEN du 16/02/2012


Déclaration préalable de la FCPE de l’Essonne
 
Monsieur le Préfet,
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Mesdames et Messieurs les élu(e)s, 
Mesdames et Messieurs les représentant(e)s des syndicats,

Alors que les inégalités sociales et scolaires n’ont jamais été aussi importantes, le ministère de l’Education nationale, avec l’appui des parlementaires de la majorité, s’acharne à réduire les moyens d’action du service public d’éducation et poursuit sa politique de suppressions massives de postes. 14 250 postes en moins à la rentrée 2012 qui sont à rajouter aux 60 000 postes déjà supprimés depuis 5 ans !

A la rentrée 2012, c’est à l’ordre du jour de ce CDEN, des postes seront supprimés dans le primaire et ce malgré une augmentation de 911 élèves. (101 fermetures de classes sont prévues contre 72 ouvertures). De plus vous prévoyez de démanteler les Réseaux d’Aides Spécialisée aux Elèves en Difficultés (RASED), et d’affaiblir l’apport en ZEP  en supprimant 91 postes dans ces structures. (Maîtres E, maîtres G et animateurs soutien ZEP).
130 professeurs seront en moins dans les collèges pour 333 élèves supplémentaires !
Les lycées subissent également, et d’une manière bien  plus importante, des suppressions de postes de même que des disparitions de filières et d’enseignements pour rationaliser la gestion des établissements et pouvoir récupérer des postes coûte que coûte.

Sous couvert d’économies budgétaires, tout ce qui pourrait permettre de prévenir et de lutter contre l’échec et le décrochage scolaires est sacrifié : scolarisation des 2 ans, RASED, soutiens, remplaçants, assistants d’éducation, formation des enseignants désorganisée
Non contente de supprimer 14 250 postes dans l’Education nationale pour 2012, la majorité à l’Assemblée nationale a voté la suppression de 11 millions d’euros de crédits de bourses de collèges et de lycées ainsi que 2 millions d’euros sur les fonds sociaux, tout en prétendant lutter contre les inégalités sociales à l’Ecole !
A jouer avec les milliards d’euros dans leurs discours, certains ont manifestement perdu tout sens de la réalité de ce que vivent les familles pour qui la scolarité, normalement gratuite, coûte déjà trop cher et alors qu’elles ne seront pas épargnées par l’augmentation de la TVA.
Est-ce  ainsi que l’on réglera la question des inégalités dans notre pays et dans notre Ecole ?
Il est grand temps au contraire, face à la précarité des familles et à la pauvreté des jeunes qui impose à certains lycéens de travailler pendant leurs études, de revaloriser les bourses dont le montant est ridiculeusement bas : au collège entre 80 et 350 euros par an, au lycée il va de 131 à 524 euros annuels !
La FCPE appelle à une autre politique sociale, qui permette d’assurer le savoir pour tous et la réussite de chacun !
Et le Président de la République et son ministre de l’Education veulent aller encore plus loin : ils veulent casser le collège unique en généralisant le recrutement des enseignants par les chefs d’établissement (dispositif ECLAIR) et en rétablissant l’orientation dès la 5ème.
En clair, il s’agit de mettre en place une école à minima pour les pauvres pour les détourner d’une école qui deviendra réservée aux nantis. C’est un recul de plus de quarante ans qui nous est proposé…
La FCPE91 refuse cette conception rétrograde et élitiste de l’école et de la société.
En même temps, le ministère parle d’égalité des chances, de réussite scolaire, de lutte contre l’absentéisme et le décrochage scolaires mais ce ne sont que de belles paroles inscrites dans un plan de communication qui sert de cache misère aux conditions d’enseignement infligées à nos enfants qui vont encore s’aggraver lors de cette rentrée 2012.
Le ministère a fait de la prévention et de la lutte contre le harcèlement entre élèves l’une de ses priorités d’action, mais avec toujours moins d’adultes présents, qui pourra repérer les signes de souffrance des élèves ?

D’autre part plusieurs récents rapports mettent l’accent sur les difficultés du système éducatif français à favoriser la réussite scolaire.
Le dernier rapport de la Cour des Comptes, celui de l’OCDE, une Note d’information de la DEPP nous apprennent que les inégalités s'aggravent et que les écarts de réussite entre élèves originaires de milieu sociaux différents s’agrandissent.

Redonnons la priorité à l’école Laïque !
Aujourd’hui, le service public et laïc d’éducation n’est plus une priorité de l’Etat. Le cadeau pour l’école privée est ouvert grâce à la suppression de 80.000 postes en 5 ans.
Les suppressions de postes sont justifiées par la crise et la perte du triple AAA ;  c’est ce que l’on voudrait faire croire aux parents. De nombreux faits et décisions le montrent : cette année, les services de l’Education Nationale n’osent même plus sortir officiellement les DGH de peur qu’il y ait trop de raffut médiatique. Même le Recteur de notre Académie (Versailles) dit dans la presse que les chiffres n’ont jamais été aussi bas : « Nous sommes arrivés aux limites de ce que nous pouvions faire, observe Alain Boissinot, le recteur de Versailles. Si l’effort budgétaire devait se poursuivre en 2013, il faudrait changer les règles du jeu. Augmenter les horaires des enseignants ou diminuer ceux des élèves ».
Les aides publiques concédées aux établissements privés (à 95 % religieux) n’ont jamais été aussi élevées. Nous parlons de plus 8 Milliards d’Euros réparties entre l’état et les collectivités territoriales (communes, régions, départements). La loi Carle amplifie le financement de la concurrence au service public et conforte la logique de ‘’marché financier ‘’ ; nous, nous parlons d’école, d’éducation et non de marché boursier. L’éducation n’est pas une marchandise que l’on vend au gré des politiques. Nous parlons de l’avenir de nos enfants, de liens, d’apprentissages, de l’éducation, d’orientation choisie et non subie mais pas de CAC 40. Si la liberté de conscience doit être respectée partout, par tous et pour tous, l’argent public doit cesser de financer les choix privés de quelques-uns.
Nous demandons que l’effort éducatif de la Nation redevienne une vraie priorité et que s’arrête cette gestion libérale et financière de l’avenir des enfants de notre pays.
Nous le redisons, l’éducation n’est pas une dépense à court terme, c’est un investissement vital pour l’avenir de notre pays et de ses citoyens !

En ce qui concerne l’internat d’Evry dont il sera question tout à l’heure, sans entrer dans le débat, nous constatons et regrettons un double langage : l’Inspection académique parle « d’internat d’excellence » alors que le Conseil Général parle  d’internat « de la réussite » ou « public ». La première chose à faire serait peut-être de vous mettre d’accord sur le qualificatif de cet internat ?

Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, nous vous remercions pour votre attention.